ANALYSE DU Gal CATROUX 9° PARTIE ET FIN
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ANALYSE DU Gal CATROUX 9° PARTIE ET FIN
9° ET DERNIERE PARTIE
L’HONNEUR DU CORPS EXPEDITIONNAIRE.
LES COMBATTANTS DE D B P N’ONT PAS ETE VAINCUS.
Le général CATROUX conclut son analyse par ces arguments :
Réduites à l’essentiel les causes de la perte de la bataille de D B P sont d’une part les erreurs stratégiques du Cdt en chef et d’autre part l’absence d’intervention du gouvernement pour préciser les objectifs politiques de la guerre et réformer les projets d’opérations ;
Ce sont les causes immédiates de la défaite, mais à coté d’elles d’autres persistaient qui portaient en germe la redoutable échéance qu’a été D B P et qui n’ont pu être éliminées par le gouvernement Laniel et le Cdt en Chef.
La principale de ces causes d’où dérivaient toutes les autres a résidé dans le fait que le gouvernement français et l’opinion française ont traité le problème Indochinois sous les aspects d’une simple expédition d’Outre Mer, visant à réprimer une rébellion et pas sous les aspects d’une guerre véritable.
Excusable au début de l’insurrection, cette erreur d’optique a cessé de l’être lorsque l’enjeu était l’indépendance totale et plus encore quand le conflit se doublât d’une lutte entre idéologies qui se disputaient l’univers.
IL est résulté de cette conception attardée de la conjecture que la France ne s’est pas intégrée dans la guerre et n’a pas su mobiliser l’esprit du public. Elle a laissé l’opinion se diviser sur un problème d’intérêt national en ne réprimant pas la propagande et les actions de démoralisation. Le pays n’a pas été assujetti aux contraintes dues à l’état de guerre.
De ce fait la France se privait des ressources humaines et matérielles de son armée nationale. Le combat a du être mené par des corps professionnels et des troupes recrutées parmi les populations d’Outre Mer. Cela épargnait sans doute le sang français mais présentait le triple inconvénient :
Rétrécir la capacité de l’effort.
Estomper l’intérêt que la nation attachait à l’entreprise.
Exposer les soldats et cadres Nord Africains et Africains à la contagion de l’idée nationaliste pour laquelle l’adversaire se battait.
On peut dire que la France a pris une position à caractère hybride et paradoxale. Un pays qui fait la guerre sans conviction et sans adaptation suffisante. Un pays qui s’imposait des sacrifices considérables sans payer le prix de la victoire .Ce prix aurait été la mise en œuvre générale des ressources et des volontés c'est-à-dire « l’état de guerre ».
Faute d’avoir pris cette résolution la France a perdu le fruit de ces longues années de lutte, vérifiant en cela l’axiome bien connu : la guerre ne se fait pas à demi et ne se fait pas non plus à contre cœur.
Les Français dans leur majorité ont soutenu la Guerre d’Indochine à contre cœur, sans approbation et sans participation. Ils l’ont subie plus qu’ils ne l’on comprise, vécue et approuvée.
Ceci veut dire si il s’agit là du comportement d’un peuple adulte et libre alors la Nation, son Gouvernement et son Commandement Militaire ont assuré des responsabilités dans le déroulement des événements qui ont conduit à la perte de l’Indochine.
Les responsabilités de la Nation toute entière dérivent du régime démocratique. Elles découlent du principe de souveraineté populaire. Cette souveraineté est déléguée par le jeu des institutions au parlement qui contrôle le gouvernement (IV République).
Mais les pouvoirs publics ne peuvent agir à contre sens de l’opinion publique, ou ils s’y conforment, ou ils doivent être capables de redresser en informant mieux les citoyens.
Or l’attitude des gouvernements successifs s’est tenue entre ces deux alternatives. Si persuadés qu’ils aient pu être du caractère nationale de cette guerre ils n’ont pas su transmettre ces convictions à la majorité des français. Peut être parce que les conditions psychologiques et politiques n’étaient pas réunies. Les gouvernements ont donc cherché à concilier ce qui était contradictoire : Répugnance à un effort de guerre puissant et Maintenir l’Indochine dans le patrimoine Français. Ces deux exigences étaient irréductibles. Leur conciliation ne pouvait pas être espérée par la voie des Armes et elle demandait une solution pacifique, à savoir, négociation avec l’adversaire. Le Général LECLERC en 1945 avait discerné que la France au lendemain de la Libération n’était pas en mesure de résoudre militairement le problème et avait recommandé de traiter avec HO CHI MINH. C’est sous cette inspiration que furent conclus les accords de Mars 1946 :
Satisfactions majeures aux revendications nationales du Vietnam,
Incorporation du pays à l’Union Française.
Mais à la conférence de Fontainebleau qui devait ratifier ces accords il n’y avait plus le même état d’esprit (incompréhension mutuelle) et le contrat fut déchiré. Les événements du 19/12/ 54 au Tonkin mirent fin à la trêve. Sans chercher la part de responsabilité de chacun, cette rupture a fait perdre à la France l’occasion d’un règlement à l’amiable qui aurait garanties ses positions essentielles en Indochine. Après cet échec la parole fut rendue au canon et la résolution ne pouvait se faire qu’en employant la force.
Etant donné la faiblesse relative du V M, cela était encore possible à condition que cette force soit puissante pour imposer la Paix avant que la Chine Communiste atteigne les frontières Tonkinoises pour prêter une assistance directe à Ho Chi Minh. IL en fut pas ainsi et au contraire le corps expéditionnaire Français du abandonner au V M en octobre 1950 les deux positions clés de CAOBANG et LANGSON.
La perte et l’abandon de ces deux points et le repli sur le Delta allaient influer sur le sort de l’Indochine et D B P devait être la lointaine conséquence.
Dès le moment où les voies d’accès de la Chine Communiste étaient ouvertes le rapport de force allait se modifier à l’avantage du V M et le Général GIAP allait se saisir de l’initiative des opérations.
A dater de ce moment une décision favorable du conflit pour le corps expéditionnaire n’était plus à escompter. La personnalité du Général DE LATTRE DE TASSIGNY, son talent, son dynamisme ne pouvaient suffire en l’absence d’un renforcement du corps expéditionnaire afin de contrôler de nouveau la frontière Sino Tonkinoise.
Alors ce fut le temps où l’on se prit à professer publiquement (au lieu de le faire discrètement) que la solution ne pouvait être que politique et qu’il fallait affaiblir par nos coups le V M pour le convaincre qu’il ne pouvait gagner la guerre. Seulement pour réaliser cette condition préalable il fallait accroitre l’effort militaire, ce que la nation ne voulait ou ne pouvait pas.
Toujours le même obstacle : impossibilité de proportionner l’effort aux objectifs poursuivis.
Le niveau de l’appareil de combat restait stationnaire et celui du V M s’accroissait comme se fortifiait sa volonté de vaincre. On sait ce qu’il advint. Le V M ne pouvait que continuer la lutte faute de perspectives que lui refusait l’opinion Française et sous sa pression le Gouvernement Français.
Malgré l’effet de ces facteurs de faiblesse, la France s’engageait politiquement et militairement peu à peu en Indochine dans une impasse où se trouvait à l’extrémité D B P.
Ce processus de 9 ans n’est pas imputable uniquement au Gouvernement Laniel et au Gal Navarre. En évoquant les responsabilités de la dernière période de la guerre on doit tenir compte de celles antérieures. C’est ce que les français en 1954 ont omis en condamnant le Gouvernement et le seul Officier Général. Ils se sont prononcé impulsivement sans prendre connaissance du dossier dont l’étude aurait pu leurs faire comprendre ce qu’il devait se reprocher à eux même. Leur révolte tardive appelait à la même réponse que fit sa mère au dernier Roi de Grenade :
« Pleures maintenant comme une femme cette ville que tu n’as pas su défendre comme un homme «
Car il faut le redire, les peuples démocratiques sont comptables envers eux-mêmes de leurs propre défaite. Sans doute était- ce trop demandé aux Français après la chute de D B P de calmer leur irritation et de se frapper la poitrine. Ils auraient pu au moins se montrer juste envers les défenseurs du camp retranché et surtout qu’ils ne soient pas avare de leur gratitude et de leur admiration envers des soldats et des cadres qui dans le revers avaient magnifiquement sauvé l’honneur du DRAPEAU.
IL eut été noble et viril que plongé dans le deuil le pays puisât réconfort et fierté dans le courage, la fermeté d’âmes, l’esprit sacrifice et la fidélité au devoir de cette héroïque phalange et qu’il le proclamât hautement. La nation se devait de retrouver son unanimité pour honorer ses soldats et saluer aussi l’armée d’Indochine toute entière qui sans faiblir avait soutenu avec abnégation une guerre ingrate et de surplus impopulaire.
Or il n’y eu qu’un hommage mesuré aux combattants de D B P et l’armée pour l’opinion publique était responsable de la perte de l’Indochine.
L’oubli se fit bientôt sur les défenseurs de D B P qui avaient tant souffert et s’étaient si bien battu avec, en finalité, la mort ou les dures prisons de l’ennemi. IL y eut plus. Leur gloire si méritée fut estompée ou effacée parce que l’issue de la guerre n’avait pas été la victoire.
IL y a eu des Français pour regretter que le Gal De Castries n’ait pas péri sous les bombes
IL y a eu des Français pour protester que la promotion de Saint Cyr 1954 revendique comme un honneur de porter le nom de promotion « Ceux de Dien Bien Phu ».
L’antique « VAE VICTIS » populaire (malheur aux vaincus) frappa ceux de D B P et collectivement le corps expéditionnaire. Pourtant ce n’était pas des vaincus. Les premiers avaient succombé sans capituler et le corps expéditionnaire était encore puissant matériellement et résolu moralement. Ils attendaient seulement de la nation et de ses alliés un supplément de force afin de reprendre l’avantage. Ce n’était pas le corps expéditionnaire, ni son chef, qui faiblissait dans la volonté de combattre, c’était l’opinion Française qui désespérant de la victoire imposait aux pouvoirs publics l’arrêt des combats.
Toutes les forces armées avaient accompli pleinement leur devoir avec constance. Si certaines conceptions stratégiques de leurs Chefs justifiaient la critique, elles mêmes étaient exemptes de reproches. Sacrifices et souffrances en était le gage.
Sans soutien moral de la nation, insuffisamment équipée, elles avaient tiré de leur patriotisme et de leur fidélité à l’honneur la force de tenir et de persévérer.
Conscientes de leur abnégation et de leur valeur, elles ne pouvaient pas accepter les responsabilités dont la rumeur publique les chargeait. Qu’on leurs attribue la perte de l’Indochine, était, après bien d’autres amertumes, une dernière épreuve insupportable parce que elles pouvaient affirmer que ce n’était pas vrai.
Dans cette injustice, l’opinion publique touchait au vif leur sensibilité et en même temps celle de l’armée Française.
Meurtrissure profonde dont les graves prolongements psychologiques son apparues depuis et qui ne sont point la moins douloureuse des conséquences de la Guerre d’Indochine.
(Attention cette analyse a été publiée en 1959 donc après les événements de 1958)
L’HONNEUR DU CORPS EXPEDITIONNAIRE.
LES COMBATTANTS DE D B P N’ONT PAS ETE VAINCUS.
Le général CATROUX conclut son analyse par ces arguments :
Réduites à l’essentiel les causes de la perte de la bataille de D B P sont d’une part les erreurs stratégiques du Cdt en chef et d’autre part l’absence d’intervention du gouvernement pour préciser les objectifs politiques de la guerre et réformer les projets d’opérations ;
Ce sont les causes immédiates de la défaite, mais à coté d’elles d’autres persistaient qui portaient en germe la redoutable échéance qu’a été D B P et qui n’ont pu être éliminées par le gouvernement Laniel et le Cdt en Chef.
La principale de ces causes d’où dérivaient toutes les autres a résidé dans le fait que le gouvernement français et l’opinion française ont traité le problème Indochinois sous les aspects d’une simple expédition d’Outre Mer, visant à réprimer une rébellion et pas sous les aspects d’une guerre véritable.
Excusable au début de l’insurrection, cette erreur d’optique a cessé de l’être lorsque l’enjeu était l’indépendance totale et plus encore quand le conflit se doublât d’une lutte entre idéologies qui se disputaient l’univers.
IL est résulté de cette conception attardée de la conjecture que la France ne s’est pas intégrée dans la guerre et n’a pas su mobiliser l’esprit du public. Elle a laissé l’opinion se diviser sur un problème d’intérêt national en ne réprimant pas la propagande et les actions de démoralisation. Le pays n’a pas été assujetti aux contraintes dues à l’état de guerre.
De ce fait la France se privait des ressources humaines et matérielles de son armée nationale. Le combat a du être mené par des corps professionnels et des troupes recrutées parmi les populations d’Outre Mer. Cela épargnait sans doute le sang français mais présentait le triple inconvénient :
Rétrécir la capacité de l’effort.
Estomper l’intérêt que la nation attachait à l’entreprise.
Exposer les soldats et cadres Nord Africains et Africains à la contagion de l’idée nationaliste pour laquelle l’adversaire se battait.
On peut dire que la France a pris une position à caractère hybride et paradoxale. Un pays qui fait la guerre sans conviction et sans adaptation suffisante. Un pays qui s’imposait des sacrifices considérables sans payer le prix de la victoire .Ce prix aurait été la mise en œuvre générale des ressources et des volontés c'est-à-dire « l’état de guerre ».
Faute d’avoir pris cette résolution la France a perdu le fruit de ces longues années de lutte, vérifiant en cela l’axiome bien connu : la guerre ne se fait pas à demi et ne se fait pas non plus à contre cœur.
Les Français dans leur majorité ont soutenu la Guerre d’Indochine à contre cœur, sans approbation et sans participation. Ils l’ont subie plus qu’ils ne l’on comprise, vécue et approuvée.
Ceci veut dire si il s’agit là du comportement d’un peuple adulte et libre alors la Nation, son Gouvernement et son Commandement Militaire ont assuré des responsabilités dans le déroulement des événements qui ont conduit à la perte de l’Indochine.
Les responsabilités de la Nation toute entière dérivent du régime démocratique. Elles découlent du principe de souveraineté populaire. Cette souveraineté est déléguée par le jeu des institutions au parlement qui contrôle le gouvernement (IV République).
Mais les pouvoirs publics ne peuvent agir à contre sens de l’opinion publique, ou ils s’y conforment, ou ils doivent être capables de redresser en informant mieux les citoyens.
Or l’attitude des gouvernements successifs s’est tenue entre ces deux alternatives. Si persuadés qu’ils aient pu être du caractère nationale de cette guerre ils n’ont pas su transmettre ces convictions à la majorité des français. Peut être parce que les conditions psychologiques et politiques n’étaient pas réunies. Les gouvernements ont donc cherché à concilier ce qui était contradictoire : Répugnance à un effort de guerre puissant et Maintenir l’Indochine dans le patrimoine Français. Ces deux exigences étaient irréductibles. Leur conciliation ne pouvait pas être espérée par la voie des Armes et elle demandait une solution pacifique, à savoir, négociation avec l’adversaire. Le Général LECLERC en 1945 avait discerné que la France au lendemain de la Libération n’était pas en mesure de résoudre militairement le problème et avait recommandé de traiter avec HO CHI MINH. C’est sous cette inspiration que furent conclus les accords de Mars 1946 :
Satisfactions majeures aux revendications nationales du Vietnam,
Incorporation du pays à l’Union Française.
Mais à la conférence de Fontainebleau qui devait ratifier ces accords il n’y avait plus le même état d’esprit (incompréhension mutuelle) et le contrat fut déchiré. Les événements du 19/12/ 54 au Tonkin mirent fin à la trêve. Sans chercher la part de responsabilité de chacun, cette rupture a fait perdre à la France l’occasion d’un règlement à l’amiable qui aurait garanties ses positions essentielles en Indochine. Après cet échec la parole fut rendue au canon et la résolution ne pouvait se faire qu’en employant la force.
Etant donné la faiblesse relative du V M, cela était encore possible à condition que cette force soit puissante pour imposer la Paix avant que la Chine Communiste atteigne les frontières Tonkinoises pour prêter une assistance directe à Ho Chi Minh. IL en fut pas ainsi et au contraire le corps expéditionnaire Français du abandonner au V M en octobre 1950 les deux positions clés de CAOBANG et LANGSON.
La perte et l’abandon de ces deux points et le repli sur le Delta allaient influer sur le sort de l’Indochine et D B P devait être la lointaine conséquence.
Dès le moment où les voies d’accès de la Chine Communiste étaient ouvertes le rapport de force allait se modifier à l’avantage du V M et le Général GIAP allait se saisir de l’initiative des opérations.
A dater de ce moment une décision favorable du conflit pour le corps expéditionnaire n’était plus à escompter. La personnalité du Général DE LATTRE DE TASSIGNY, son talent, son dynamisme ne pouvaient suffire en l’absence d’un renforcement du corps expéditionnaire afin de contrôler de nouveau la frontière Sino Tonkinoise.
Alors ce fut le temps où l’on se prit à professer publiquement (au lieu de le faire discrètement) que la solution ne pouvait être que politique et qu’il fallait affaiblir par nos coups le V M pour le convaincre qu’il ne pouvait gagner la guerre. Seulement pour réaliser cette condition préalable il fallait accroitre l’effort militaire, ce que la nation ne voulait ou ne pouvait pas.
Toujours le même obstacle : impossibilité de proportionner l’effort aux objectifs poursuivis.
Le niveau de l’appareil de combat restait stationnaire et celui du V M s’accroissait comme se fortifiait sa volonté de vaincre. On sait ce qu’il advint. Le V M ne pouvait que continuer la lutte faute de perspectives que lui refusait l’opinion Française et sous sa pression le Gouvernement Français.
Malgré l’effet de ces facteurs de faiblesse, la France s’engageait politiquement et militairement peu à peu en Indochine dans une impasse où se trouvait à l’extrémité D B P.
Ce processus de 9 ans n’est pas imputable uniquement au Gouvernement Laniel et au Gal Navarre. En évoquant les responsabilités de la dernière période de la guerre on doit tenir compte de celles antérieures. C’est ce que les français en 1954 ont omis en condamnant le Gouvernement et le seul Officier Général. Ils se sont prononcé impulsivement sans prendre connaissance du dossier dont l’étude aurait pu leurs faire comprendre ce qu’il devait se reprocher à eux même. Leur révolte tardive appelait à la même réponse que fit sa mère au dernier Roi de Grenade :
« Pleures maintenant comme une femme cette ville que tu n’as pas su défendre comme un homme «
Car il faut le redire, les peuples démocratiques sont comptables envers eux-mêmes de leurs propre défaite. Sans doute était- ce trop demandé aux Français après la chute de D B P de calmer leur irritation et de se frapper la poitrine. Ils auraient pu au moins se montrer juste envers les défenseurs du camp retranché et surtout qu’ils ne soient pas avare de leur gratitude et de leur admiration envers des soldats et des cadres qui dans le revers avaient magnifiquement sauvé l’honneur du DRAPEAU.
IL eut été noble et viril que plongé dans le deuil le pays puisât réconfort et fierté dans le courage, la fermeté d’âmes, l’esprit sacrifice et la fidélité au devoir de cette héroïque phalange et qu’il le proclamât hautement. La nation se devait de retrouver son unanimité pour honorer ses soldats et saluer aussi l’armée d’Indochine toute entière qui sans faiblir avait soutenu avec abnégation une guerre ingrate et de surplus impopulaire.
Or il n’y eu qu’un hommage mesuré aux combattants de D B P et l’armée pour l’opinion publique était responsable de la perte de l’Indochine.
L’oubli se fit bientôt sur les défenseurs de D B P qui avaient tant souffert et s’étaient si bien battu avec, en finalité, la mort ou les dures prisons de l’ennemi. IL y eut plus. Leur gloire si méritée fut estompée ou effacée parce que l’issue de la guerre n’avait pas été la victoire.
IL y a eu des Français pour regretter que le Gal De Castries n’ait pas péri sous les bombes
IL y a eu des Français pour protester que la promotion de Saint Cyr 1954 revendique comme un honneur de porter le nom de promotion « Ceux de Dien Bien Phu ».
L’antique « VAE VICTIS » populaire (malheur aux vaincus) frappa ceux de D B P et collectivement le corps expéditionnaire. Pourtant ce n’était pas des vaincus. Les premiers avaient succombé sans capituler et le corps expéditionnaire était encore puissant matériellement et résolu moralement. Ils attendaient seulement de la nation et de ses alliés un supplément de force afin de reprendre l’avantage. Ce n’était pas le corps expéditionnaire, ni son chef, qui faiblissait dans la volonté de combattre, c’était l’opinion Française qui désespérant de la victoire imposait aux pouvoirs publics l’arrêt des combats.
Toutes les forces armées avaient accompli pleinement leur devoir avec constance. Si certaines conceptions stratégiques de leurs Chefs justifiaient la critique, elles mêmes étaient exemptes de reproches. Sacrifices et souffrances en était le gage.
Sans soutien moral de la nation, insuffisamment équipée, elles avaient tiré de leur patriotisme et de leur fidélité à l’honneur la force de tenir et de persévérer.
Conscientes de leur abnégation et de leur valeur, elles ne pouvaient pas accepter les responsabilités dont la rumeur publique les chargeait. Qu’on leurs attribue la perte de l’Indochine, était, après bien d’autres amertumes, une dernière épreuve insupportable parce que elles pouvaient affirmer que ce n’était pas vrai.
Dans cette injustice, l’opinion publique touchait au vif leur sensibilité et en même temps celle de l’armée Française.
Meurtrissure profonde dont les graves prolongements psychologiques son apparues depuis et qui ne sont point la moins douloureuse des conséquences de la Guerre d’Indochine.
(Attention cette analyse a été publiée en 1959 donc après les événements de 1958)
adrien- Messages : 184
Date d'inscription : 01/02/2013
Age : 90
Localisation : Avignon
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