ANALYSE DU Gal CATROUX 4° eme partie

19:45:13                                       ANALYSE DU GENERAL CATROUX 1953 1954
                                                                    QUATRIEME PARTIE

Le Gouvernement LANIEL ne répond pas au Gal NAVARRE suite à son rapport du 1/1/54 qui appréhendait la bataille du N.O, demandait des renforts aériens et confirmait sa décision concernant l’Opération ATLANTE sur le Centre Annam afin de soulager la pression qui s’annonçait sur D.B.P.
Ce silence traduisait la perplexité du Gouvernement suite à la l’évolution de l’opinion  du Gal NAVARRE, quand aux chances de l’entreprise de D.B.P et malgré cela le maintien du projet ATLANTE ; Finalement le Gouvernement décida de ne pas intervenir dans la décision du Gal en Chef et de lui accorder le supplément de forces Aériennes demandées pour défendre D.B.P. Ces moyens furent commandés, acheminés mais ne furent opérationnels qu’en Avril, trop tard pour D.B.P.
Dés les premières semaines de Janvier le V.M. avait réuni son corps de bataille et investissait le Camp retranché.
Le Colonel DE CASTRIE, à la tête du Groupe d’Opération du N.O. (GONO) depuis le 7 Décembre organisait la défense du Camp et menait des actions offensives pour gêner l’E.N.I  et de Reco pour situer ses positions. Le 20 Janvier il fut connu de façon certaine que GIAP passerait à l’attaque  dans la nuit du 25 au 26 Janvier.
Le 20 Janvier était la date fixée  pour lancer ATLANTE et le Gal NAVARRE maintient son plan.
La Garnison de D.B.P avait un moral élevé et attendait l’E.N.I de pied ferme. Mais l’attaque ne se produisit pas. En effet GIAP avait prélevé sur ses forces la 308° Div. Pour la lancer à marches forcées sur Luang Prabang. Le Gal NAVARRE pense que GIAP renonce à attaquer D.B.P et qu’il a l’intention d’envahir le LAOS, 308° Div. en tête. Pour contrer cette manœuvre le Cdt en Chef renforce les troupes du Colonel CREVECOEUR par un G.M. prélevé au Tonkin et aérotransporté et donne la priorité de l’appui aérien aux forces du Haut Laos. Suite à ces décisions la défense du Delta est affaiblie et l’acheminement des matériaux et autres matériels défensifs sur D.B.P est diminuée. Or les prévisions du Gal en chef ne se vérifieront pas. C’était une feinte de  Giap afin de gagner des délais qui lui ont permis de renforcer ses moyens jugés insuffisants par ses conseillers CHINOIS.
Le raid de la 308° div. sur Luang Prabang est bloqué le 15 Février par les forces du Colonel CREVECOEUR et la 308° décroche et regagne les positions V M autour de D.B.P dont l’encerclement était resté étanche aux coups de sondes du Gal de Castries.
Donc fin Février 1954 on devait tenir pour acquis que l’anéantissement du Camp retranché était l’objectif de Giap et que toutes sorties seraient couteuses et vouées à l’échec. C’était l’opinion du Gal COGNY, le 21 janvier dans une étude demandée par le Gal en Chef. Tout reposait maintenant sur la résistance des troupes au sol, de la solidité des défenses, de l’efficacité des contres attaques, de l’appui aérien et de manœuvres extérieures qui pourraient être montées. Le 25 janvier le Gal en Chef émet une directive qui note que :
Le dispositif E.N.I a atteint sa limite d’expansion dans tous les secteurs. La 1°ère phase de l’opération Atlante est terminée. En conséquence tous les points forts doivent être tenus et l’E N I doit être poursuivi en cas de replis. Les missions des différents secteurs sont précisées :
NORD VIETNAM : L’E.N.I peut engager l’action sur D.B.P. Le Cdt en Chef est résolu à livrer bataille et à la gagner. Priorité à l’appui aérien au Camp retranché dont les effectifs seront renforcés. Un groupe parachutiste de 1 à 3 bataillons, puis 5 bataillons seront rassemblés dans le Delta en réserve. La défense du Delta sera poursuivie et si le gros de l’E.N.I se déplace dans cette direction des effectifs pourront être prélevés sur D.B.P.
Haut Laos et Centre Laos : Réoccupation du terrain perdu ou abandonné.
Centre Vietnam : Atlante 3° phase  sera préparé pour action sur Quihon, pleiku et Kontum
Le Gal NAVARRE n’est donc pas encore certain de l’attaque sur le Camp retranché et craint une action E.N.I sur le Delta ce qui pourtant n’aurait pu se faire qu’en divisant les forces V.M. Le 10 mars le Cdt en Chef sait que l’attaque aura lieu dans la nuit du 13 au 14.Il sait que l’E.N.I dispose de 27 bataillons, de 20 canons de 105,18 de 75, 100 tubes de D.C.A de 12,7   16 tubes D.C.A de 37 avec un renfort attendu d’un RG de D.C.A de 64 pièces de 37. Les munitions sont approvisionnées et le débit de ravitaillement (Yen Bay et Tuan Giao  par Son La) est de 50T /jour.
Dans le Delta 27 Bataillons V.M. redoublent d’agressivité et attaquent les Aérodromes de façon à gêner l’appro.aérien de  D.B.P.
En bref l’E.N.I a ouvert 2 fronts. Giap est prêt à soutenir pendant 52 jours la lutte sur D.B.P, alors que la garnison du camp a le 13 Mars  pour 9 jours de vivres, huit de carburant, six unités de feu par bataillon, sept d’artillerie et de mortiers et sa résistance dépend du volume des apports aériens.
A la veille de la Bataille le Gal Navarre est face à ses réalités. IL est conscient de la supériorité des moyens de l’E.N.I et de sa puissance.IL connait le courage de la garnison de D.B.P et de son chef. IL a confiance à la solidité des défenses. IL compte sur l’efficacité de l’Artillerie. Tous les techniciens de cette Arme, y compris le Gal  Cogny lui ont affirmé  que pour agir sur la bande d’atterrissage l’E.N.I devrait rapprocher à vue ses batteries et s’exposerait aux tirs de contre batterie et à l’appui aérien. Néanmoins le Cdt en Chef est inquiet. IL juge prudent de renforcer D.B.P de 3 bataillons, ce qui pourrait inciter l’E.N.I à renoncer à l’action. IL en parle le 7 Mars sur place à D.B.P au Colonel De Castries et au Gal COGNY. De Castries décline l’offre « ce n’est pas nécessaire, ce sera dure mais on tiendra ». COGNY n’est pas d’avis à inciter Giap à retarder l’attaque de la garnison qui attend et promet de gagner. Le Cdt en Chef suit ces avis, ce qui est regrettable. Trois bataillons de renfort auraient permis des contre attaques ce que n’a pu faire les réserves du Camp les 13 et 14Mars pour reprendre les points d’appui Nord. Les jeux étant faits le Cdt en Chef décide que le Gal  Cogny  sera la seule autorité à décider des actions dans le Delta et à D.B.P. IL place sous ses ordres les Bases Aériennes du Delta avec la  charge de les protéger en priorité sur toutes les autres actions. IL lui demande de se tenir en liaison étroite avec le Groupement Aérien Tactique (G.A.T.A.C.) NORD.
Le Gal CATROUX  juge ces dispositions indispensables et capitales mais il  estime que le Cdt en Chef aurait pu se positionner à HANOI avec un E M restreint et l’assistance du Gal LANZIN  Cdt en Chef les forces aériennes en Indochine. La présence de ces deux officiers généraux, leur action et leur impulsion personnelle auraient pu sans doute prévenir des erreurs, redresser des fautes et accroitre le rendement du potentiel moral et matériel engagé dans la Bataille, par une meilleure coordination.

Excellent travail Adrien !
J'apprends beaucoup à la lecture de tes articles !

Bonne soirée,
Philippe