ANALYSE DU Gal CATROUX GUERRE D'INDOCHINE 53/54 8°PARTIE
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ANALYSE DU Gal CATROUX GUERRE D'INDOCHINE 53/54 8°PARTIE
ANALYSE DU Général CATROUX 8° Partie
sur les deux dernières années de la guerre d’INDOCHINE
Dans cette partie de son analyse, le Gal CATROUX décrit la situation vue du coté gouvernementale en fonction des informations reçues et cite les décisions que le gouvernement a du prendre.
Décembre 1953 s’écoula sans que le Gouvernement de Mr LANIEL ait à s’inquiéter. Un émissaire du Président du conseil, envoyé auprès du Gal Navarre avait trouvé celui-ci optimiste quand à l’évolution de la situation.
Le Gouvernement fut très surpris en prenant connaissance du rapport du Cdt en chef du 1er Janvier 1954 (voir analyse Gal Catroux 2ème partie sur ce site) et de ses perspectives alarmantes. On lui accorda les bombardiers demandés tout en jugeant sa prise de position trop pessimiste.
On ne crut pas devoir prescrire de remanier son plan initial du 24 juillet 1953 (voir analyse Gal Catroux 3ème partie), de réarticuler son dispositif en fonction des exigences de la bataille de DBP, ni de renoncer à l’opération ATALANTE. Liberté de décision et d’action lui était laissée.
Le Gouvernement ne fixa son attention sur DBP que quelques semaines plus tard quand le Gal Giap différa l’attaque imminente sur le camp retranché pour lancer une division du corps de siège en direction de Luang Prabang (voir analyse 4ème partie) ; Cette initiative pouvait être le prélude à l’invasion du Laos et la position du gouvernement Français n’était pas définie face à ce problème alors que des accords de défense nous engageaient.
Le 6 Février 1954 la question fut soulevée au comité de défense nationale réunis avant le départ du Ministre de la défense nationale pour l’Indochine. Après discussion aucune décision ne fut prise à part celle de donner mandat au ministre pour prendre sur place toutes décisions concernant la défense du Laos. Etait présente à cette réunion une haute personnalité militaire( ?) qui donna son avis en déclarant que le salut du corps expéditionnaire primait sur celui du Laos et que l’évacuation de D B P était encore réalisable (opinion que contredisait la réalité, car depuis plus d’un mois la rupture de l’encerclement par la garnison était devenue impossible) (voir analyse 4° partie). Cette erreur d’appréciation montre que l’organe gouvernemental responsable de la conduite de la guerre était mal renseigné.
Le séjour de Mr PLEVEN ministre de la Défense nationale était accompagné du Secrétaire d’Etat à la Guerre, du Secrétaire d’Etat aux états Associés, du Chef d’E M Général et des Chefs d’EM des armées Air, Terre et Mer.
Le Ministre qui séjourna plus de 2 semaines, étudia la situation politique, militaire et les problèmes de toutes natures posées par la guerre et notamment la situation pour D B P qu’il visita. IL rapprocha ses propres observations avec celles de ses trois conseillers militaires dans un rapport
Deux de ces conseillers ne blâmaient point l’implantation et la capacité défensive de D B P mais soulignaient qu’elle était suspendue au cordon nourricier aérien. De plus la fixation de troupes adverses autour du camp n’avait pas diminué la pression ennemie dans le Delta (voir analyse 4° partie). Pour l’avenir ils préconisaient la recherche d’une négociation et le repli sur un axe Hanoi- Haiphong.
Le 3ème rapport approuvait entièrement le plan du Gal Navarre qui devait disposer de moyens aériens suffisant (ce n’était pas le cas). Les résultats obtenus étaient satisfaisants, malgré le pourrissement du Delta tonkinois et des Hauts Plateaux. Seule l’intervention de la Chine communiste pouvait causer des risques graves. Pour l’avenir la solution ne pouvait venir que d’une armée Vietnamienne capable d’opposer à l’ennemi sa propre tactique.
Après synthèse de ses constatations personnelles et des rapports et avis des experts militaires le Ministre exposa ses conclusions le 11 Mars 1954 devant le comité de la Défense Nationale :
La situation militaire en Indochine est stationnaire et la situation politique s’est détériorée.
Le Vietminh me parait en mesure de nous infliger des échecs décisifs.
Le Gal Navarre ne pouvait plus lui imposer la Paix car le corps expéditionnaire soufrait d’une longue usure et l’Armée Vietnamienne ne se développait qu’au ralenti.
L’équilibre instable péniblement obtenu pouvait être retourné en quelques jours si l’aviation Chinoise intervenait.
Les choses étant ainsi Mr Pleven estimait qu’il fallait d’une part exploiter toutes les possibilités que pourrait présenter la prochaine conférence de Genève, pour obtenir une solution acceptable du conflit et d’autre part informer le gouvernement Américain de la situation exacte et obtenir de sa part l’engagement précis de riposte à une intervention de l’aviation communiste.
En outre il était indispensable d’exiger du gouvernement Vietnamien la conclusion et l’application d’un accord de coopération militaire efficace.
Enfin point très important le Ministre préconisait la création d’un Comité de Guerre restreint qui devrait assurer la conduite de la Guerre sous l’autorité du Président du Conseil.
Le Comité se composerait de représentants du gouvernement, du Chef d’EM Général et des Chefs d’EM des trois armes qui avaient voix consultative. Le Maréchal Juin siègerait à ce comité.
Conclusion et proposition du Ministre acceptées.
La mission avait été utile. Le gouvernement était mieux renseigné et la visite du ministre à DBP avait eu un effet sur le moral des combattants. De plus la création du comité restreint de la Guerre mettait un terme à la situation antérieure, où le Cdt en Chef relevait directement du Secrétaire d’état aux Etats Associés qui lui-même n’avait aucun pouvoir financier ou militaire et qui de ce fait servait d’intermédiaire avec les autres Ministères et avec le comité de Défense Nationale qui lui seul pouvait statuer. Les décisions prises étaient transmises au Ministre de la Défense Nationale qui répartissait les charges entre les services qui lui étaient subordonnés. Ces derniers devenaient les fournisseurs du corps expéditionnaire et en même temps arbitre en fournissant ou en ne fournissant pas.
Le Comité qui décidait de la guerre se réunissait de façon intermittente alors que la Guerre sévissait en permanence et qu’il était insuffisamment informé de l’évolution de la situation et de l’exécution de ses décisions.
On doit donc à Mr Pleven l’adaptation du système de la conduite de la Guerre. Le comité restreint de Guerre était un organe d’actions cohérentes et continue de conduite de la guerre , capable d’apprécier dans le cadre d’une politique générale l’opportunité et les implications d’un plan d’opération, de procurer au Cdt en Chef les moyens dont il avait besoin et de faire éventuellement réformer les plans en cours d’exécution.
Pour le Général Catroux ces décisions sont à inscrire à l’actif du Gouvernement Joseph Laniel. On peut regretter qu’elles soient tardives. IL est permis de penser que si le comité de Guerre Restreint avait existé à l’automne 1953 il aurait pu intervenir soit pour que la Bataille du N Ouest ne soit pas livrée, soit qu’elle le fut mais avec des moyens et des manœuvres adaptés à la puissance de L’ennemi.
Mais le Gouvernement portait un lourd héritage d’erreurs et de manquements que lui avaient légué ses prédécesseurs et il était bien tard pour faire évoluer le cours des événements.
Après avoir transcrit cette partie d’analyse du Gal Catroux, j’ai voulu relever sur internet Wikipédia (mot clé 4ème République) la succession des gouvernements de la 4ème République de 1946 à celui de Joseph Laniel en 1954. C’est à dire pendant la presque totalité de la guerre d’Indochine. J’ai noté qu’il y avait eu : 16 gouvernements dont la durée d’existences était en moyenne de 6 Mois (dont un a duré 2 jours). IL y a eu 13 Ministres de la Défense Nationale (Certains sont revenus plusieurs fois à ce poste). Bonjour pour le suivi de la guerre D’Indochine où chaque jour des soldats français étaient blessés ou tués en combattant dans une guerre que personne ne voulait prendre la responsabilité d’arrêter ou de continuer en donnant des moyens.
Dans le même ordre d’idée, j’ai appris, bien longtemps après par un camarade qui à l’époque effectuait son service militaire en Tunise, que sous le gouvernement Mendès France, pendant les négociations de Genève, des unités à base de soldats du contingent avait été équipées pour partir en Extrême Orient. C’était le cas de mon camarade. Ils avaient perçu le paquetage colonial. Sans doute des gesticulations au moment des négociations à Genève.
Pendant l’année 1953 nous avons reçu au bataillon des appelés du contingent volontaires pour accomplir leur service militaire en Extrême Orient .Ils devaient être affectés à des postes non combattants. Ce qui n’empêche qu’un de ces appelés de notre compagnie qui conduisait un GMC a sauté sur une mine et a été gravement blessé. Dans notre garnison à Haiduong il y avait également des appelés du contingent affectés au B M I, unité très efficace et de toutes les interventions. Là les postes de non combattant devaient être rares.
sur les deux dernières années de la guerre d’INDOCHINE
Dans cette partie de son analyse, le Gal CATROUX décrit la situation vue du coté gouvernementale en fonction des informations reçues et cite les décisions que le gouvernement a du prendre.
Décembre 1953 s’écoula sans que le Gouvernement de Mr LANIEL ait à s’inquiéter. Un émissaire du Président du conseil, envoyé auprès du Gal Navarre avait trouvé celui-ci optimiste quand à l’évolution de la situation.
Le Gouvernement fut très surpris en prenant connaissance du rapport du Cdt en chef du 1er Janvier 1954 (voir analyse Gal Catroux 2ème partie sur ce site) et de ses perspectives alarmantes. On lui accorda les bombardiers demandés tout en jugeant sa prise de position trop pessimiste.
On ne crut pas devoir prescrire de remanier son plan initial du 24 juillet 1953 (voir analyse Gal Catroux 3ème partie), de réarticuler son dispositif en fonction des exigences de la bataille de DBP, ni de renoncer à l’opération ATALANTE. Liberté de décision et d’action lui était laissée.
Le Gouvernement ne fixa son attention sur DBP que quelques semaines plus tard quand le Gal Giap différa l’attaque imminente sur le camp retranché pour lancer une division du corps de siège en direction de Luang Prabang (voir analyse 4ème partie) ; Cette initiative pouvait être le prélude à l’invasion du Laos et la position du gouvernement Français n’était pas définie face à ce problème alors que des accords de défense nous engageaient.
Le 6 Février 1954 la question fut soulevée au comité de défense nationale réunis avant le départ du Ministre de la défense nationale pour l’Indochine. Après discussion aucune décision ne fut prise à part celle de donner mandat au ministre pour prendre sur place toutes décisions concernant la défense du Laos. Etait présente à cette réunion une haute personnalité militaire( ?) qui donna son avis en déclarant que le salut du corps expéditionnaire primait sur celui du Laos et que l’évacuation de D B P était encore réalisable (opinion que contredisait la réalité, car depuis plus d’un mois la rupture de l’encerclement par la garnison était devenue impossible) (voir analyse 4° partie). Cette erreur d’appréciation montre que l’organe gouvernemental responsable de la conduite de la guerre était mal renseigné.
Le séjour de Mr PLEVEN ministre de la Défense nationale était accompagné du Secrétaire d’Etat à la Guerre, du Secrétaire d’Etat aux états Associés, du Chef d’E M Général et des Chefs d’EM des armées Air, Terre et Mer.
Le Ministre qui séjourna plus de 2 semaines, étudia la situation politique, militaire et les problèmes de toutes natures posées par la guerre et notamment la situation pour D B P qu’il visita. IL rapprocha ses propres observations avec celles de ses trois conseillers militaires dans un rapport
Deux de ces conseillers ne blâmaient point l’implantation et la capacité défensive de D B P mais soulignaient qu’elle était suspendue au cordon nourricier aérien. De plus la fixation de troupes adverses autour du camp n’avait pas diminué la pression ennemie dans le Delta (voir analyse 4° partie). Pour l’avenir ils préconisaient la recherche d’une négociation et le repli sur un axe Hanoi- Haiphong.
Le 3ème rapport approuvait entièrement le plan du Gal Navarre qui devait disposer de moyens aériens suffisant (ce n’était pas le cas). Les résultats obtenus étaient satisfaisants, malgré le pourrissement du Delta tonkinois et des Hauts Plateaux. Seule l’intervention de la Chine communiste pouvait causer des risques graves. Pour l’avenir la solution ne pouvait venir que d’une armée Vietnamienne capable d’opposer à l’ennemi sa propre tactique.
Après synthèse de ses constatations personnelles et des rapports et avis des experts militaires le Ministre exposa ses conclusions le 11 Mars 1954 devant le comité de la Défense Nationale :
La situation militaire en Indochine est stationnaire et la situation politique s’est détériorée.
Le Vietminh me parait en mesure de nous infliger des échecs décisifs.
Le Gal Navarre ne pouvait plus lui imposer la Paix car le corps expéditionnaire soufrait d’une longue usure et l’Armée Vietnamienne ne se développait qu’au ralenti.
L’équilibre instable péniblement obtenu pouvait être retourné en quelques jours si l’aviation Chinoise intervenait.
Les choses étant ainsi Mr Pleven estimait qu’il fallait d’une part exploiter toutes les possibilités que pourrait présenter la prochaine conférence de Genève, pour obtenir une solution acceptable du conflit et d’autre part informer le gouvernement Américain de la situation exacte et obtenir de sa part l’engagement précis de riposte à une intervention de l’aviation communiste.
En outre il était indispensable d’exiger du gouvernement Vietnamien la conclusion et l’application d’un accord de coopération militaire efficace.
Enfin point très important le Ministre préconisait la création d’un Comité de Guerre restreint qui devrait assurer la conduite de la Guerre sous l’autorité du Président du Conseil.
Le Comité se composerait de représentants du gouvernement, du Chef d’EM Général et des Chefs d’EM des trois armes qui avaient voix consultative. Le Maréchal Juin siègerait à ce comité.
Conclusion et proposition du Ministre acceptées.
La mission avait été utile. Le gouvernement était mieux renseigné et la visite du ministre à DBP avait eu un effet sur le moral des combattants. De plus la création du comité restreint de la Guerre mettait un terme à la situation antérieure, où le Cdt en Chef relevait directement du Secrétaire d’état aux Etats Associés qui lui-même n’avait aucun pouvoir financier ou militaire et qui de ce fait servait d’intermédiaire avec les autres Ministères et avec le comité de Défense Nationale qui lui seul pouvait statuer. Les décisions prises étaient transmises au Ministre de la Défense Nationale qui répartissait les charges entre les services qui lui étaient subordonnés. Ces derniers devenaient les fournisseurs du corps expéditionnaire et en même temps arbitre en fournissant ou en ne fournissant pas.
Le Comité qui décidait de la guerre se réunissait de façon intermittente alors que la Guerre sévissait en permanence et qu’il était insuffisamment informé de l’évolution de la situation et de l’exécution de ses décisions.
On doit donc à Mr Pleven l’adaptation du système de la conduite de la Guerre. Le comité restreint de Guerre était un organe d’actions cohérentes et continue de conduite de la guerre , capable d’apprécier dans le cadre d’une politique générale l’opportunité et les implications d’un plan d’opération, de procurer au Cdt en Chef les moyens dont il avait besoin et de faire éventuellement réformer les plans en cours d’exécution.
Pour le Général Catroux ces décisions sont à inscrire à l’actif du Gouvernement Joseph Laniel. On peut regretter qu’elles soient tardives. IL est permis de penser que si le comité de Guerre Restreint avait existé à l’automne 1953 il aurait pu intervenir soit pour que la Bataille du N Ouest ne soit pas livrée, soit qu’elle le fut mais avec des moyens et des manœuvres adaptés à la puissance de L’ennemi.
Mais le Gouvernement portait un lourd héritage d’erreurs et de manquements que lui avaient légué ses prédécesseurs et il était bien tard pour faire évoluer le cours des événements.
Après avoir transcrit cette partie d’analyse du Gal Catroux, j’ai voulu relever sur internet Wikipédia (mot clé 4ème République) la succession des gouvernements de la 4ème République de 1946 à celui de Joseph Laniel en 1954. C’est à dire pendant la presque totalité de la guerre d’Indochine. J’ai noté qu’il y avait eu : 16 gouvernements dont la durée d’existences était en moyenne de 6 Mois (dont un a duré 2 jours). IL y a eu 13 Ministres de la Défense Nationale (Certains sont revenus plusieurs fois à ce poste). Bonjour pour le suivi de la guerre D’Indochine où chaque jour des soldats français étaient blessés ou tués en combattant dans une guerre que personne ne voulait prendre la responsabilité d’arrêter ou de continuer en donnant des moyens.
Dans le même ordre d’idée, j’ai appris, bien longtemps après par un camarade qui à l’époque effectuait son service militaire en Tunise, que sous le gouvernement Mendès France, pendant les négociations de Genève, des unités à base de soldats du contingent avait été équipées pour partir en Extrême Orient. C’était le cas de mon camarade. Ils avaient perçu le paquetage colonial. Sans doute des gesticulations au moment des négociations à Genève.
Pendant l’année 1953 nous avons reçu au bataillon des appelés du contingent volontaires pour accomplir leur service militaire en Extrême Orient .Ils devaient être affectés à des postes non combattants. Ce qui n’empêche qu’un de ces appelés de notre compagnie qui conduisait un GMC a sauté sur une mine et a été gravement blessé. Dans notre garnison à Haiduong il y avait également des appelés du contingent affectés au B M I, unité très efficace et de toutes les interventions. Là les postes de non combattant devaient être rares.
adrien- Messages : 184
Date d'inscription : 01/02/2013
Age : 90
Localisation : Avignon
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