TEMOIGNAGE : le Nord Laos et les troupes amies

Bonjour à tous
Avant de continuer mon histoire je crois qu'il serait bon que je vous détaiille le secteur imparti au 6ème BCL
Le pc et le Cie de Cdt se trouvaient à Phong-Saly
Une Cie se trouvait à Muong-Outay et Muong-OU-Neua(frontière de chine)
Une Cie se trouvait à Muong-Khoua
Une autre à muong-Ngoi et Sop Nao,celle ci était sur la Nam Noa,rivière venant de DBP,Celle de Muong-Khoua était sur la Nam-ou
Un poste de piroguiers était à Hat-Sa(30 kms de Phong-Saly)
Un petit terrain d'aviation pour Beaver et morane uniquement était à Bou-Neua,ce qui permattait l'evacuation des parachutes.Se Bou-neua à phong-Saly-40 kms-une piste rudimentaire était taillée sans la montagne pour permettre le passage des deux jeeps du poste.Véhicules largués pièces par pièces et remontés sur place.Nous ne roulions qu'en 1ère réduite
Le ravitaillement des différents postes était assuré uniquement par parachutage
Vous voyez,ce bataillon tenait un terrain immense mais il faut dire que jusqu'en juillet 1953 jamais un viet n'avait mis les pieds sur notre zône
Comme on se plaisait à le dire c'était le pays de la sieste et de l'amour.Les gens étaient d'une gentillesse remarquable.On pouvait se promener partout sans arme
A partir de juillet 53 changement de décor.Les viets commencent à descendre vers muong-khoua pour se diriger vers Luang-Prabang,arrêtés sur la plaine des jarres ils se replient après de durs combats et restent ,en partie à DBP.
En octobre le Cne m'envoie avec 3 ou 4 chasseurs,au dessus de Sop-Nao pour évaluer les forces viets stationnées dans DBP. Je suis remonté 15 jours plus tard avec des renseignements qui ont permis à Bigeard de sauter sur DBP et de le prendre .Pour nous qui étions en maquis bien au-dessus de DBP celà nous rassurait car nos arrières,si je puis dire ,étaient assurés
Las en decembre53,les premières patrouilles commencent à se faire accrocher autour de la cuvette et nous recevons l'ordre d'intensifier la pose de mines sur les pistes empruntées par les viets.Celà n'était pas évident car un parachute se voit de loin et signale votre présence,il fallait faire très vite pour ramasser les colis et s'en aller,toujours en direction du Nord.En plus il nous fallait choisir souvent entre les mines et la nourriture.Finalement nous avions armé plus de 800 partisans,Méos,Hmong,Thais,kakho,akha etPhu-Noi
Je pense avoir été trop long et si vous le souhaitez je vous raconterai le reste
Amitiés
rené

Bonjour,

Merci de votre témoignage monsieur Gallani. Je connais un ancien qui a été au Laos à quelques kilomètres de la frontière de Chine, peut être vous a t-il connu. C'est un plaisir de vous lire et j'ai hâte de la suite de vos souvenirs d'Indochine.

cdt, Antoine.

Un très beau témoignage,merci
Un témoignage n'est jamais asser long

Bonjour,

gallani rene a écrit:Je pense avoir été trop long

Vous avez ete trop court pour ce qui me concerne

et si vous le souhaitez je vous raconterai le reste

Puis-je me permettre de ne pas le souhaiter mais de l'exiger ?

Vous parlez de partisans recrutes chez des Thais. Le sujet m'interesse beaucoup, merci d'avance de vos precisions

Nous avons recruté des Thaïs parce que nos maquis ne pouvaient exister au Vietnamm.Les Thaïs ont une aversion certaine pour les vietnamiens et ne peuvent s'entendre avec eux.Ce sont des gens fiers et très jaloux de leur indépendanceLe président de la confédération Thaîe,Monsieur Deo-van- lung était un très grand ami des français et grâce à lui les maquis ont prospérés.D'ailleurs,un point d'histoire que peu connaissent,20 ans après DBP,le drapeau français a flotté au pays Thaï pendant 3 jours.Il existait trois communautés:les Thaïs noirs,les rouges et les blancs.Celà était du au fait de la couleur du vêtement des femmes,fort belles d'ailleurs
Jusqu'à la fin de 54 les maquis continuaient encore d'emettre mais nous ne pouvions plus rien pour eux,le survol de la région était interdit suite aux accords de cessez le feu.Pour parler net,nous les avons lâchement abandonnés
Amitiés
René

Très beau témoignage qui me rappelle le bouquin que je suis entrain de lire la 317e Section.


Cdt

Bonsoir,merci encore Mr Gallani,de vous relire est un plaisir,ces maquis méritaient mieux,que sont ils devenus?...Amitiés a vous.

J'ai honte de vous dire ce que sont devenus les partisans des maquis.Comme les harkis en Algérie avec toutefois un bémol:juqqu'en juillet 54 nous avons continuer de les ravitailler.Par la suite,avec l'interdiction de survol de leur zône d'implantation leur ravitaillement cessa d'être assuré.Ils ont du se réfugier dans les montagnes d'où ils ont été récupéres par les américains qui à leur tour les ont abandonné lâchement
En 54/55 une partie des hmongs a éte transférée en Guyane française ,ils y ont prospéré et se sont très bien intégrés mais en communautés un peu autarciques.Pour ceux qui sont restés en indo je doute de leur intégration car la haine du montagnard ,qu'il soit moï,lu,hmong,akka est ancestrale et n'est pas prête de s'éteindre.Ils ne supportent pas les annamites qui ne sont pas de la même race et les ont toujours opprimés

Bonjour à tous
Bonjour M. Gallani,

J'ai honte

Que Nenni... La responsabilité ne vous incombe en rien.
La France est belle, mais la république est une putain.
N'est-ce point elle en 1953 qui n'a pas voulu que le contingent parte en renfort au prétexte "qu'il ne fallait pas faire couler en Indochine le sang des fils de France" ?
J'ai toujours eu mal à mon père, un Ancien du 6° RTS, un "Rhin et Danube", engagé à 17 ans, qui a connu le baptême du feu en 1942 en Tunisie, et qui après un premier séjour au Tonkin, en a repiqué un second pour finalement, un soir de mai, connaître pour la première fois, au fond d'une cuvette, la défaite et la honte de la captivité.
Ma famille, malgré l'engagement des siens depuis deux générations, n'avait pas engendré de "fils de France"...

Fils, petit-fils, neveu et cousin d'officiers depuis trois générations, j'ai trop, entendu depuis ma plus tendre enfance, les mises en garde de la famille.
Officier à mon tour, j'ai toujours pris soin de savoir à partir de quand je devais désobéir.
Faut dire que lorsque j'ai rencontré mon père pour la première fois de ma vie, l'attendant sur les quais de la gare St-Charles, j'avais 5 ans et je lui ai dit "Bonjour monsieur"...

Ne rougissez de rien. Sans vous, sans lui, j'aurai très certainement commis bien des erreurs.

Respectueusement,
Louis Le Bègue

Bonjour Le Begue
Tout comme moi ,vous avez du un jour avoir à choisir entre l'honneur et la discipline.Pas facile bien que je place l'honneur avant la discipline.Ce que peu de gens savent c'est que 3 ou4 ans après le départ des français nos 3 couleurs ont été hissées sur Laokay par des partisans Lao et Hmong qui nous étaient toujours fidèles
Oui,vous avez raison la France est belle et je n'en dirais pas autant de la république.J'ai vécu avec ces gens pendant 1an 1/2 et apprecié leur loyauté et leur courage.Au combat de Ngay Tay(50 kms nord de dien bien phu)le 1er mars 1954,nous en sommes sortis à 3 pour nous retrouver à Muong-Nghié et ensuite Dien Bien Phu et jamais je ne les ai vu se plaindre
René

Bonjour à tous,
Bonjour M. Gallani,

gallani rene a écrit:vous avez du un jour avoir à choisir entre l'honneur et la discipline.

"Il n'est de discipline que celle qui est librement consentie" (TTA 101 bis).
"Pour commander les hommes, il n'existe que deux vecteurs, l'amour et la haine. Ceux qui disent les avoir compris ne sont que des imbéciles" (Malraux, Antimémoires, 1967)
"Les hommes pardonnent tout, sauf le mensonge" (ça, c'est de moi...)

Vous avez la réponse.

Respectueusement.
Louis Le Bègue.

Bonjour René, bonjour Le Begue. Lorsque vous dites :
<< La France est belle, mais la république est une putain. >> Comme toute prostitué, elle n'est pas volontaire !
CE SONT LES HOMMES POLITIQUES QUI LA PROSTITUENT !!
Et ça tous les militaires le savent !!
Non René, vous n'avez à rougir de rien !!
Amitiés Ramuncho

bonjour Monsieur Galliéni

vos témoignages sont pour moi des sources dont je ne me lasse pas

pouvez vous svp, me faire connaitre l'organigrame du 6e BCL ?

je fais des recherches sur les créations des bataillons de Chasseurs laotiens, que j'ai croisé au hasard de mes recherches sur le 1ère CCPL créée le 15 juillet 1948 au Laos à partir de la 3e cie du 1er B.C.L.

en vous remerciant pour votre aide

J'ai vecu en partie toutes ces peripeties ,dans cette region ,de Decembre 1953 a Avril 1954 avec le 1º BMCL ,formé par des elements du 1ºBCL stationné a Takhek ,commandè par le Cne DUMONET (veteran CLI du Laos) et amené a la plaine des Jarres pour effectuer diverses operations de diversion en direction de DBP.
J'avais 21 ans !
Aprés il ya eu l'Algerie .
Je n'ai failli ,ni a l'honneur,ni a la Parole donnée .Je ne REGRETTE RIEN.
A 81 ans ,je vis mon exil en BOLIVIE ,avec toujours une pensée pour ma section de Laotiens ,mes Harkis et vous tous ,qui n'avaient pas FAILLI .

Avez-vous le souvenir du nom, du rôle de certains cadres laotiens ? Comme le futur général Amkha Soukhavong qui après avoir participé à la lutte contre les japonais (avec Deuve entre autres), contre les Issaras, les Vietminh... faisait partie des premiers officiers laotiens ?