Le légionnaire et l'épaulette, récit par Antoine Carenjot
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Le légionnaire et l'épaulette, récit par Antoine Carenjot
Bonsoir,
J'ai été inspiré hier par ce petit récit suite à mon achat d'une épaulette avec de nombreux souvenirs d'un légionnaire de la 13.
Ce n'est pas de la grande littérature mais enfin... n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, ce qu'il y a à améliorer.
Le légionnaire et l'épaulette
Le 22 février 2009, un jeune collectionneur de 16ans range amoureusement dans la vitrine de sa collection de souvenirs militaires l’épaulette d’un légionnaire de la 13ème Demi Brigade de légion étrangère en Indochine achetée la veille.
64ans plus tôt, 1945. La guerre se termine en Europe et le IIIème Reich vit ses dernières heures. Durant cinq ans, le sergent X servant dans un régiment de la Wehrmacht a cru en son combat et a participé à toutes les campagnes. En 1940, la campagne de France. Puis ce sera la guerre dans le désert avec l’Africakorps où il combattra un régiment français de la légion étrangère, la 13ème DBLE. De retour en France, il est affecté sur le mur de l’Atlantique où il croit avoir trouvé la bonne planque. Il tombe amoureux d’une jeune Normande, mais qui refuse toute liaison avec lui parce qu‘il est allemand. Le 6 Juin, les alliés débarquent. Il arrive à s’échapper avant d’être fait prisonnier. Mais à 20 kilomètres de la ligne de front, à jour J+3, il reçoit un éclat de bombe et il est grièvement blessé. Il est évacué vers le centre de la France et ne participera pas à la terrible bataille de Normandie. Quelques mois plus tard, il combattra dans les Ardennes dans le dernier sursaut stratégique allemand. Quelques jours avant l’armistice, il est fait prisonnier par un régiment français de l’armée de libération. Commence alors la captivité. Deux mois après son arrivée au camp, des recruteurs de la Légion étrangère viennent dans celui-ci. Ils ont besoin de volontaires pour l’Indochine. Cela fait rêver le prisonnier X et il sait que si il part à la légion, il sera français dans cinq ans et pourra alors retrouver sa chère petite normande, en tant que français. Il signe et part à Bel Abbès rejoindre la 13, qu‘il a combattu quelques années plus tôt. Son passé est effacé, il est désormais le légionnaire X. Quelques mois plus tard, c’est l’arrivée à Saigon et la découverte des merveilles de l’Indochine. De toutes les privations de guerre, de tous les paysages de mort de l’Europe, rien n’est comparable à l’abondance de fruits exotiques et à la végétation luxuriante du pays. Durant cinq nouvelles années, dans les rizières et les collines verdoyantes, il se battra contre les viets, ces petits bonhommes agiles comme des chats qui combattent jusqu’à la mort pour une seule cause : Doc Lap, l’indépendance. Il verra mourir les copains, les frères d’armes, honoré de servir à la légion dans ce prestigieux régiment. Peu avant que son contrat à la légion expire, un obus de mortier explose à quelques mètres de lui. Il est gravement blessé à la jambe qui s’infecte dès son arrivée à l’hôpital. Il est amputé et rejoint la France, il est maintenant français, non par le sang reçu mais par le sang versé. Sur son épaulette de légionnaire, il va coudre tout ce qui symbolise pour lui ces cinq années de guerre et son accès à la nationalité française. Son insigne de la 13ème DBLE, son losange de bras qu’il a toujours porté au combat et une banane aux lettres jaunes qui symbolise tant d’aventures : EXTREME ORIENT. Quelques mois plus tard, il se mariera avec une de ses infirmières. Dans un placard de leur petite maison du limousin, il déposera amoureusement son épaulette. Une nouvelle vie commence, les souvenirs douloureux sont oubliés (en surface seulement). Monsieur X ne parlera jamais de ses combats à ses enfants et mourra dans l’ignorance du monde la plus totale. Un brocanteur vient débarrasser la maison et retrouve l’épaulette. Il a un ami qui est collectionneur de militaria et lui revend. Ce même collectionneur participe en tant qu’exposant à la bourse aux armes de Poitiers, le 21 Février 2009. Un petit jeune passe devant lui toutes les heures, les yeux rivées sur un objet précis : une épaulette de tradition de la légion étrangère. A la fin de la journée, le jeune collectionneur l’achète enfin, cette épaulette qu’il convoite depuis le matin. Elle évoque pour lui toute une histoire, des combats en Indochine, le destin d’un homme confronté à l’histoire. Chaque objet a son histoire et le légionnaire X revit à travers ce récit, même si il est fictif. Cette histoire aurait pu être vécue et peut être que le propriétaire de l’objet avait une histoire totalement opposée mais il m’a plut de vous faire revivre une vie et un parcours d’un homme au travers d’un objet, ou comment une épaulette de tradition confectionnée en France il y a 60ans de cela devient un objet qui a une âme, qui donne l’immortalité à son propriétaire au travers du souvenir de ce jeune passionné. Je pense que chaque collectionneur se reconnaîtra dans ce récit car il est important de ne jamais perdre cette part de rêve et d’imagination sous peine de voir la vie plus fade et morose qu’elle ne l’est.
Antoine CARENJOT
cdt, Antoine.
J'ai été inspiré hier par ce petit récit suite à mon achat d'une épaulette avec de nombreux souvenirs d'un légionnaire de la 13.
Ce n'est pas de la grande littérature mais enfin... n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, ce qu'il y a à améliorer.
Le légionnaire et l'épaulette
Le 22 février 2009, un jeune collectionneur de 16ans range amoureusement dans la vitrine de sa collection de souvenirs militaires l’épaulette d’un légionnaire de la 13ème Demi Brigade de légion étrangère en Indochine achetée la veille.
64ans plus tôt, 1945. La guerre se termine en Europe et le IIIème Reich vit ses dernières heures. Durant cinq ans, le sergent X servant dans un régiment de la Wehrmacht a cru en son combat et a participé à toutes les campagnes. En 1940, la campagne de France. Puis ce sera la guerre dans le désert avec l’Africakorps où il combattra un régiment français de la légion étrangère, la 13ème DBLE. De retour en France, il est affecté sur le mur de l’Atlantique où il croit avoir trouvé la bonne planque. Il tombe amoureux d’une jeune Normande, mais qui refuse toute liaison avec lui parce qu‘il est allemand. Le 6 Juin, les alliés débarquent. Il arrive à s’échapper avant d’être fait prisonnier. Mais à 20 kilomètres de la ligne de front, à jour J+3, il reçoit un éclat de bombe et il est grièvement blessé. Il est évacué vers le centre de la France et ne participera pas à la terrible bataille de Normandie. Quelques mois plus tard, il combattra dans les Ardennes dans le dernier sursaut stratégique allemand. Quelques jours avant l’armistice, il est fait prisonnier par un régiment français de l’armée de libération. Commence alors la captivité. Deux mois après son arrivée au camp, des recruteurs de la Légion étrangère viennent dans celui-ci. Ils ont besoin de volontaires pour l’Indochine. Cela fait rêver le prisonnier X et il sait que si il part à la légion, il sera français dans cinq ans et pourra alors retrouver sa chère petite normande, en tant que français. Il signe et part à Bel Abbès rejoindre la 13, qu‘il a combattu quelques années plus tôt. Son passé est effacé, il est désormais le légionnaire X. Quelques mois plus tard, c’est l’arrivée à Saigon et la découverte des merveilles de l’Indochine. De toutes les privations de guerre, de tous les paysages de mort de l’Europe, rien n’est comparable à l’abondance de fruits exotiques et à la végétation luxuriante du pays. Durant cinq nouvelles années, dans les rizières et les collines verdoyantes, il se battra contre les viets, ces petits bonhommes agiles comme des chats qui combattent jusqu’à la mort pour une seule cause : Doc Lap, l’indépendance. Il verra mourir les copains, les frères d’armes, honoré de servir à la légion dans ce prestigieux régiment. Peu avant que son contrat à la légion expire, un obus de mortier explose à quelques mètres de lui. Il est gravement blessé à la jambe qui s’infecte dès son arrivée à l’hôpital. Il est amputé et rejoint la France, il est maintenant français, non par le sang reçu mais par le sang versé. Sur son épaulette de légionnaire, il va coudre tout ce qui symbolise pour lui ces cinq années de guerre et son accès à la nationalité française. Son insigne de la 13ème DBLE, son losange de bras qu’il a toujours porté au combat et une banane aux lettres jaunes qui symbolise tant d’aventures : EXTREME ORIENT. Quelques mois plus tard, il se mariera avec une de ses infirmières. Dans un placard de leur petite maison du limousin, il déposera amoureusement son épaulette. Une nouvelle vie commence, les souvenirs douloureux sont oubliés (en surface seulement). Monsieur X ne parlera jamais de ses combats à ses enfants et mourra dans l’ignorance du monde la plus totale. Un brocanteur vient débarrasser la maison et retrouve l’épaulette. Il a un ami qui est collectionneur de militaria et lui revend. Ce même collectionneur participe en tant qu’exposant à la bourse aux armes de Poitiers, le 21 Février 2009. Un petit jeune passe devant lui toutes les heures, les yeux rivées sur un objet précis : une épaulette de tradition de la légion étrangère. A la fin de la journée, le jeune collectionneur l’achète enfin, cette épaulette qu’il convoite depuis le matin. Elle évoque pour lui toute une histoire, des combats en Indochine, le destin d’un homme confronté à l’histoire. Chaque objet a son histoire et le légionnaire X revit à travers ce récit, même si il est fictif. Cette histoire aurait pu être vécue et peut être que le propriétaire de l’objet avait une histoire totalement opposée mais il m’a plut de vous faire revivre une vie et un parcours d’un homme au travers d’un objet, ou comment une épaulette de tradition confectionnée en France il y a 60ans de cela devient un objet qui a une âme, qui donne l’immortalité à son propriétaire au travers du souvenir de ce jeune passionné. Je pense que chaque collectionneur se reconnaîtra dans ce récit car il est important de ne jamais perdre cette part de rêve et d’imagination sous peine de voir la vie plus fade et morose qu’elle ne l’est.
Antoine CARENJOT
cdt, Antoine.
Admin- Admin
- Messages : 1601
Date d'inscription : 23/12/2008
Age : 32
Localisation : St-Aignan (41)
Re: Le légionnaire et l'épaulette, récit par Antoine Carenjot
Bonjour Antoine,
Ton légionnaire était visiblement un Sous-Officier, vu les tournantes dorées de cette épaulette de Tradition. Ton histoire est tout à fait plausible en effet, jusqu'à 50/55% d'allemands étaient dans les rangs de la L.E à cette époque là.
Amitiés, Ramuncho.
Ton légionnaire était visiblement un Sous-Officier, vu les tournantes dorées de cette épaulette de Tradition. Ton histoire est tout à fait plausible en effet, jusqu'à 50/55% d'allemands étaient dans les rangs de la L.E à cette époque là.
Amitiés, Ramuncho.
Ramuncho- Messages : 650
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Le légionnaire et l'épaulette, récit par Antoine Carenjot
RHIN ET DANUBE , Première Armée Française
puis en 1945 à l'age de 19 ans mon père s'engage à La Légion Etrangère
EXTREME ORIENT
13 DBLE
3 REI
Oui voila des souvenirs, que Papa racontait quelque fois
puis en 1945 à l'age de 19 ans mon père s'engage à La Légion Etrangère
EXTREME ORIENT
13 DBLE
3 REI
Oui voila des souvenirs, que Papa racontait quelque fois
jules 3rei- Messages : 5
Date d'inscription : 25/02/2015
Age : 97
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