Récit d'un accrochage au Tonkin (lettre d'un soldat)

**Admin** Mer 5 Aoû - 21:04

Bonjour à tous,

Voici une lettre retrouvée dernièrement parmi toute la correspondance d'Indochine de Marc Sanvoisin, sergent au 5/7ème dont j'ai déjà présenté le parcours dans la rubrique Troupes d'Afrique. Je mettrais de temps en temps des extraits ou des lettres complètes.

En voici une qui m'a particulièrement touché où il relate en détail un accrochage durant lesquels son groupe de combat et lui même ont anéantis de nombreux éléments Vietminhs et récupérés un certain nombre d'armes.
La lettre est adressée à son beau frère et elle est en date du 14 Novembre 1951 :

SP 62986 le 14 Novembre 1951

Mon vieux beau frère,

Je fais aujourd’hui réponse à ta lettre du 7 Novembre. Voici quelques nouvelles depuis ma dernière mission nous avons de nouveau subis les troupes régulières vietminh il y a quelques jours. Voici quelques détails de cette bagarre de trois quarts d’heure.

Le ciel était sombre avec un plafond nuageux qui dégageait une chaleur lourde, moite. Nous étions dans la boue jusqu’à mi jambe qui se collait à nous comme une pieuvre qui aspire nos forces physiques et morales. Derrière nous à perte de vue, des rizières parsemés de bosquet et souvent séparés par des cocoterais plus ou moins traîtresses, dans cette guerre de guérilla où chaque pouce de terrain réserve une surprise ordinairement meurtrière. Devant nous étaient les rach qu’il faut tenir à tout prix pour interdire le passage des soldats viets qui font le ravitaillement et que les troupes amis ont la mission de nettoyer. La notre est de faire toucher sur la rive gauche ou plutôt sud car dans la tactique militaire la gauche et la droite n’existe pas. Il faut tenir et interdire le passage nous a t’on dit. Pas un souffle de vent. Nous étions plein de sueur du menton à la manche de la veste. Une pétarade se fait entendre dans les cocoterais. Chacun rectifie sa position, le visage plus ou moins tendu et le doigt sur la détente prête à toute éventualité. Tout à coup venant des cocoterais une dizaine de viets armés s’avançaient dans notre direction insouciants de notre présence dans le coin. Le deuxième contingent composé d’une vingtaine de rebelles et cette fois ci avec deux FM suit le premier groupe. La vue des armes automatiques excite davantage nos hommes qui savent pour le moment patienter. Dans les cocoterais la pétarade continue de plus belle. Déjà nos lascars de viets commencèrent à traverser le rach sous la protection de leurs collègues du 2ème groupe confiants en leurs FM. Minute de patience, nous nous plaquons tout ce que nous pouvons pour ne pas déceler notre présence.
A peine franchis le rach, les viets du premier groupe s’y sont répartis sur toute la longueur de la barge pour protéger le passage de leurs camarades du deuxième groupe mais dès que ceux-ci ont touchés la rive gauche ou plutôt sud nous tirons tout dans le tas en bondissant hors de nos cachettes, contents enfin de pouvoir se servir de nos armes. Certains se montrent en la circonstance tireurs d’élites, on se croirait à la foire de la st Simon devant un tir.

Surpris les viets n’ont pas eu le temps de riposter et se contentent de chercher un refuge. Leur tentative reste vaine comme par hommage ils tombent sous les balles meurtrières de nos armes qui ne cessent de semer la mort que lorsqu’il n’y a plus de cibles humaines pour tirer.

Le bilan était des plus beaux que l’on ai fait jusqu’ici : les trois quarts de la section vietminh abîmée ou tuée, une dizaine de blessés et prisonniers.
Tout l’armement récupéré ainsi que de précieux documents. De notre côté trois blessés légers.

Nous avons du pot pour une fois d’être tombés juste sur eux !

Depuis deux jours RAS je dors toutes mes nuits comme un bébé. Mon vieux beau frère je te quitte en t’embrassant bien fort et tendrement,

Marc.

Ces lettres m'appartiennent et j'espère ne pas en retrouver des extraits sur d'autres sites ou d'autres supports. Si vous souhaitez le faire, contactez moi en message privé sur ce forum ou sur mon adresse email : antoinedeverdun@yahoo.fr afin de me demander l'autorisation. Je n'ai encore mangé personne et je serais ravi de vous aidez si vous avez besoin.

Voila, j'ai essayé de retranscrire fidèlement sa correspondance, j'espère ne pas m'être trompé en recopiant un mot.
Au plaisir de vous lire,

cdt, Antoine.