Le Médecin de Bataillon en Indo
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Le Médecin de Bataillon en Indo
Bonsoir à tous,
Extrait d'un article du Médecin-Colonel BONAUD du Service de Santé en Indochine en 1952:
Les qualités de ce médecin doivent être multiples et son rôle au premier échelon est primordial. Non seulement, au combat, il a la responsabilité des premiers soins aux blessés et de la bonne organisation des évacuations, mais encore, au cantonnement, il a la responsabilité de la santé des hommes, toujours menacée par les maladies tropicales.
Il doit, tout d'abord, avoir la connaissance parfaite et humaine de la troupe. En effet, le Corps Expéditionnaire est formé par des éléments appartenant à toute l'Union Française. Il est l'image vivante et édifiante de cette Union, et il est significatif et encourageant que des hommes de toutes races se soient librement forgé un même idéal. Mais du point de vue médical, le médecin doit garder présent à l'esprit les éléments qui le caractérisent.
En effet, physiologiquement, ces hommes présentent des caractères raciaux différents et des prédispositions naturelles à des affections diverses : socialement, ils ont des habitudes différents aussi et qui peuvent retentir sur leur santé : goûts alimentaires, notions d'hygiène qui varient suivant les origines; psychiquement, ils ont des mentalités qui leur sont propres et qu'il importe de ne pas heurter si l'ont veut que l'intégrité physique et psychique soit maintenue dans un état favorable.
Enfin, les bataillons sont implantés sur tout le territoire indochinois : Vietnam, Laos et Cambodge et les conditions de climat et d'éxistence varient considérablement. Dans le nord, il y a un hiver et, certains jours, il fait presque froid; dans le sud, au contraire, c'est un perpétuel été, chaud et humide.
Les possibilités de ravitaillement varient également suivant les territoires et il importe de les adapter au mieux pour satisfaire le goût de la troupe.
Le médecin qui vit au contact des hommes ne doit jamais perdre de vue tous ces éléments qui conditionnent ce qu'on peut appeler la "bonne forme", si nécessaire au combat.
Le médecin de bataillon doit être hygiéniste. Non seulement il adapte l'hygiène vestimentaire et alimentaire aux conditions dans lesquelles la troupe se trouve placée, mais encore et surtout, il doit connaître parfaitement les maladies tropicales et la façon dont elles se transmettent, afin de pouvoir pratiquer une prophylaxie raisonnée; les moustiques, les mouches, les puces, les rats, l'eau contaminée sont autant d'ennemis redoutables contre lesquels il doit protéger les hommes dont la santé lui a été confiée.
Il doit être également épidémiologiste averti et savoir reconnaître rapidement les premiers symptômes des maladies épidémiques, afin de prendre précocement les mesures d'isolement et de traitement qui s'imposent.
Il doit surveiller constamment les vaccinations, la lutte contre le paludisme, l'alimentation, le couchage et l'hygiène générale de cantonnement.
Vivant près des hommes, dans les mêmes conditions qu'eux, il gagnera leur confiance et, le jour du combat, tous se sentiront rassurés, sachant qu'ile peuvent entièrement compter sur leur "toubib".
Bien entendu, le médecin de bataillon participe à toutes les opérations. Mais à la moindre sortie hors du cantonnement, à la moindre alerte, il faut compter avec les surprises, les embûches, les traîtrises. Partout le danger guette : la grenade piégée, la mine, qui trop souvent provoquent des blessures très graves, le coup de feu tiré d'une embuscade. Un homme tombe; immédiatement le médecin, accompagné de son infirmier, se penche vers lui. Il doit alors accomplir les gestes précis qui souvent sauvent une existence, prononcer les paroles qui calment l'inquiétude du blessé.
Les soins d'urgence donnés, la question d'évacuation du blessé se pose; sa rapidité est un facteur de première importance. Le médecin a de nombreux moyens à sa disposition. Il doit les choisir judicieusement en tenant compte de la gravité de la blessure et de la nature du terrain.
Sur l'ensemble du territoire, le bataillon constitue l'unité de combat et ne possède qu'un médecin, mais au Tonkin deux divisions complètes ont été créées au cours de l'année 1951, et à chacune d'elles a été affectée une compagnie médicale qui représente un élément santé disposant de moyens autonomes. Chacun comprend une section de commandement, une section de ramassage et de triage et une section de traitement englobant une antenne chirurgicale.
Si une opération de quelque importance est décidée, la Direction du Service de Santé met en place une ou plusieurs antennes avancées sur lesquelles le médecin de bataillon dirigera ses blessés. Cette antenne sera basée à proximité immédiate du lieu de combat.
Avant d'en terminer avec le rôle des médecins de bataillon, dont le nombre, sur l'ensemble du territoire, s'élève à cent soixante cinq, nous ne voudrions pas oublier une de ses activités de caractère social très humain. Si le bataillon cantonne dans un village, le médecin gagne souvent l'amitié de la population. Celle-ci bouleversée par les évènements et la plupart du temps sans soins, ne demande qu'à se rapprocher d'un élément à qui elle peut donner sa confiance. Le médecin est très souvent à l'origine des ralliements et joue un rôle important dans notre oeuvre de pacification, servant de lien entre la population et commandement ou l'administration. Il donnera ses conseils, distribuera des médicaments, fera régresser le paludisme, la dysentrie, qui atteignent durement les populations autochtones, effectuera accouchements difficiles, surveillera les enfants.
Le médecin de bataillon a donc un rôle magnifiquement complet : militaire, médecin et apôtre, il occupe, au sein du Service de Santé, une place de choix à laquelle il est juste de rendre hommage.
Cordialement
Jérôme
Extrait d'un article du Médecin-Colonel BONAUD du Service de Santé en Indochine en 1952:
Les qualités de ce médecin doivent être multiples et son rôle au premier échelon est primordial. Non seulement, au combat, il a la responsabilité des premiers soins aux blessés et de la bonne organisation des évacuations, mais encore, au cantonnement, il a la responsabilité de la santé des hommes, toujours menacée par les maladies tropicales.
Il doit, tout d'abord, avoir la connaissance parfaite et humaine de la troupe. En effet, le Corps Expéditionnaire est formé par des éléments appartenant à toute l'Union Française. Il est l'image vivante et édifiante de cette Union, et il est significatif et encourageant que des hommes de toutes races se soient librement forgé un même idéal. Mais du point de vue médical, le médecin doit garder présent à l'esprit les éléments qui le caractérisent.
En effet, physiologiquement, ces hommes présentent des caractères raciaux différents et des prédispositions naturelles à des affections diverses : socialement, ils ont des habitudes différents aussi et qui peuvent retentir sur leur santé : goûts alimentaires, notions d'hygiène qui varient suivant les origines; psychiquement, ils ont des mentalités qui leur sont propres et qu'il importe de ne pas heurter si l'ont veut que l'intégrité physique et psychique soit maintenue dans un état favorable.
Enfin, les bataillons sont implantés sur tout le territoire indochinois : Vietnam, Laos et Cambodge et les conditions de climat et d'éxistence varient considérablement. Dans le nord, il y a un hiver et, certains jours, il fait presque froid; dans le sud, au contraire, c'est un perpétuel été, chaud et humide.
Les possibilités de ravitaillement varient également suivant les territoires et il importe de les adapter au mieux pour satisfaire le goût de la troupe.
Le médecin qui vit au contact des hommes ne doit jamais perdre de vue tous ces éléments qui conditionnent ce qu'on peut appeler la "bonne forme", si nécessaire au combat.
Le médecin de bataillon doit être hygiéniste. Non seulement il adapte l'hygiène vestimentaire et alimentaire aux conditions dans lesquelles la troupe se trouve placée, mais encore et surtout, il doit connaître parfaitement les maladies tropicales et la façon dont elles se transmettent, afin de pouvoir pratiquer une prophylaxie raisonnée; les moustiques, les mouches, les puces, les rats, l'eau contaminée sont autant d'ennemis redoutables contre lesquels il doit protéger les hommes dont la santé lui a été confiée.
Il doit être également épidémiologiste averti et savoir reconnaître rapidement les premiers symptômes des maladies épidémiques, afin de prendre précocement les mesures d'isolement et de traitement qui s'imposent.
Il doit surveiller constamment les vaccinations, la lutte contre le paludisme, l'alimentation, le couchage et l'hygiène générale de cantonnement.
Vivant près des hommes, dans les mêmes conditions qu'eux, il gagnera leur confiance et, le jour du combat, tous se sentiront rassurés, sachant qu'ile peuvent entièrement compter sur leur "toubib".
Bien entendu, le médecin de bataillon participe à toutes les opérations. Mais à la moindre sortie hors du cantonnement, à la moindre alerte, il faut compter avec les surprises, les embûches, les traîtrises. Partout le danger guette : la grenade piégée, la mine, qui trop souvent provoquent des blessures très graves, le coup de feu tiré d'une embuscade. Un homme tombe; immédiatement le médecin, accompagné de son infirmier, se penche vers lui. Il doit alors accomplir les gestes précis qui souvent sauvent une existence, prononcer les paroles qui calment l'inquiétude du blessé.
Les soins d'urgence donnés, la question d'évacuation du blessé se pose; sa rapidité est un facteur de première importance. Le médecin a de nombreux moyens à sa disposition. Il doit les choisir judicieusement en tenant compte de la gravité de la blessure et de la nature du terrain.
Sur l'ensemble du territoire, le bataillon constitue l'unité de combat et ne possède qu'un médecin, mais au Tonkin deux divisions complètes ont été créées au cours de l'année 1951, et à chacune d'elles a été affectée une compagnie médicale qui représente un élément santé disposant de moyens autonomes. Chacun comprend une section de commandement, une section de ramassage et de triage et une section de traitement englobant une antenne chirurgicale.
Si une opération de quelque importance est décidée, la Direction du Service de Santé met en place une ou plusieurs antennes avancées sur lesquelles le médecin de bataillon dirigera ses blessés. Cette antenne sera basée à proximité immédiate du lieu de combat.
Avant d'en terminer avec le rôle des médecins de bataillon, dont le nombre, sur l'ensemble du territoire, s'élève à cent soixante cinq, nous ne voudrions pas oublier une de ses activités de caractère social très humain. Si le bataillon cantonne dans un village, le médecin gagne souvent l'amitié de la population. Celle-ci bouleversée par les évènements et la plupart du temps sans soins, ne demande qu'à se rapprocher d'un élément à qui elle peut donner sa confiance. Le médecin est très souvent à l'origine des ralliements et joue un rôle important dans notre oeuvre de pacification, servant de lien entre la population et commandement ou l'administration. Il donnera ses conseils, distribuera des médicaments, fera régresser le paludisme, la dysentrie, qui atteignent durement les populations autochtones, effectuera accouchements difficiles, surveillera les enfants.
Le médecin de bataillon a donc un rôle magnifiquement complet : militaire, médecin et apôtre, il occupe, au sein du Service de Santé, une place de choix à laquelle il est juste de rendre hommage.
Cordialement
Jérôme
Bawouan- Messages : 908
Date d'inscription : 20/02/2009
Re: Le Médecin de Bataillon en Indo
Dans le dernier "Ancre d'or Bazeilles", il y a un article sur les médecins en unité combattantes à Dien Bien Phu !
Je n'ai pas de scanner à dispo, je vais essayer de me débrouiller !
Il y aura une suite dans le prochain numéro
Dans le numéro actuel, C'est l'interwiev du médecin Gendray.
Je n'ai pas de scanner à dispo, je vais essayer de me débrouiller !
Il y aura une suite dans le prochain numéro
Dans le numéro actuel, C'est l'interwiev du médecin Gendray.
COLO- Messages : 320
Date d'inscription : 26/08/2011
Re: Le Médecin de Bataillon en Indo
bonjour
tiens nous au courant
merci a toi de toutes ses infos
lr
tiens nous au courant
merci a toi de toutes ses infos
lr
lr- Messages : 1511
Date d'inscription : 31/12/2008
Localisation : bord de la mer
Re: Le Médecin de Bataillon en Indo
Bonjour,
Merci Jérôme pour cet article d'époque fort intéressant !
J'ai hâte également de voir l'article de L'ancre d'Or Bazeilles sur les médecins à DBP.
cordialement,
Antoine.
Merci Jérôme pour cet article d'époque fort intéressant !
J'ai hâte également de voir l'article de L'ancre d'Or Bazeilles sur les médecins à DBP.
cordialement,
Antoine.
Admin- Admin
- Messages : 1601
Date d'inscription : 23/12/2008
Age : 32
Localisation : St-Aignan (41)
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