Forum La Guerre d'Indochine
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Les derniers hommes.

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Message  Alexandre SANGUEDOLCE Jeu 22 Fév - 8:59

Un film va sortir tiré de l’histoire de l’anabase de la colonne Alessandri qui est partie de Hanoï et du Tonkin après le coup de force japonais du 9 mars 1945. J'ai déjà évoqué cette histoire dans le forum et je peux sans aucune prétentions affirmer que je connais bien le sujet.  Harcelés par les Japonais qui ont assassinés 800 militaires décapités au sabre, les soldats français lâchés par les Américains ont parfois parcouru un millier de kilomètres dans la jungle pour arriver en Chine.  Si la journaliste s'était un tant soit peu penché sur cette retraite,  le nom des sous groupements ou du général Alessandri n’est même pas mentionné , elle aurait pu éviter d’écrire des inepties pareilles, c'est une adepte de l’infâme Boudarel.
.Je suis particulièrement indigné.
https://www.liberation.fr/culture/cinema/les-derniers-hommes-egares-dans-la-vallee-infernale-20240220_UUXI5T3MDZCM5BWI4YDFGWJJXY/

Indochine, 1945, les Japonais attaquent. Des légionnaires à la solde de l’Etat français, rétamés, alcoolos, toxicos, sans une once d’héroïsme, doivent faire retraite précipitée à la frontière chinoise. La jungle sera l’enfer prévu, la violence élémentaire servira de fil rouge dans un film à ambition hélas (la plaie du cinéma contemporain) «en immersion». C’est le dernier projet que Jacques Perrin a produit avant de mourir – ce qui donne au récit un côté méta touchant, si seulement les Derniers Hommes était demeuré tel qu’il l’avait conçu : l’histoire dure d’une imposture, d’un légionnaire dérobant, pour sauver sa peau, l’identité d’un gradé tué.
La grande tradition du «film de la patrouille perdue» a toujours l’intérêt minimal de faire revenir les morts. Ce sont des films de procession fantomatique, d’hallucinations et d’épuisement. De plus en plus décavée, la troupe est saisie de visions de mort, mais on ne voit pas assez les fantômes parmi eux, seules apparitions suscitant un regard en retour de la part d’êtres dénués sinon de toute de vie propre, du moins de caractérisation.

La patrouille se traîne, litanie de cadavres, de visages hagards émaciés. On sombre dans la folie, le cœur des ténèbres, tout le folklore. La compagnie âpre au clair de lune, virilité crottée en terre hostile, avance au rythme pantelant du scène à scène sans surprise, procession de boue, cadavres échelonnés. C’est marche et crève. Jamais l’expérience formelle n’impressionne. Céline est cité. La lie du monde, de la guerre et des hommes, tout est sollicité de ces breloques de néant, de cette poésie des damnés usée jusqu’à la corde.

Alexandre SANGUEDOLCE
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Message  Alexandre SANGUEDOLCE Jeu 22 Fév - 9:45

J’ai lu plusieurs ouvrages, voici un résumé de la retraite de la colonne Alessandri.
. Le 9 mars 1945, les Japonais déclenchent l'opération Mei, désarmement des troupes françaises, occupation des points stratégiques en Indochine française. L'amiral Decoux, invité à une réception par l'ambassadeur Matsumoto est arrêté, refusant l'ultimatum nippon. Les forces japonaises disposant  de 65 000 hommes et commandées par le général Yuichi Tsuchihashi, chef de la 38e armée impériale s'emparent des garnisons françaises, commettant d'innombrables massacres comme à Langson où le colonel Robert commandant la garnison, le résident Auphelle et le général Lemonnier sont décapités, refusant de donner l'ordre de capitulation.
Les derniers hommes.  Emile_lemonnier_1912 Général Lemonnier
400 prisonniers français seront décapités les jours suivants, quelques uns seront épargnés grâce au médecin-commandant Clerc. Idem à Dong Dang, un rescapé, Fernand Cron, grièvement blessé au cou, se laisse tomber dans la fosse commune, échappe aux baïonnettes nippones puis la nuit ombée, se tenant la tête à deux mains parvient à trouver un village où il est soigné par les montagnards tonkinois.
Le gros du 5e REI et du 4e RTT  regroupés dans le  groupement « Ouest du fleuve Rouge » entament une anabase, course contre la montre pour rejoindre la Chine. Des bacs permettent le franchissement du fleuve Rouge, de la rivière Noire, puis l'axe routier de la RC 41 "Saint-Poulof", le col des Meos, Dien Bien Phu puis la Chine. Les forces sont divisées en deux sous-groupement
1er sous-groupement du commandant Prugnat comprenant le II/5 REI du capitaine Cockborne, des éléments de l'armée de l'air, des artilleurs sans pièces;
2eme sous-groupement du colonel François commandant le 1e RTT avec le I/5 (capitaine Gaucher) et le III/5 (capitaine Lenoir).
Un Potez 25 assume la liaison.
Rarement ravitaillés et soutenus par l'aviation US (l'enjeu colonial est discuté à Yalta et Roosevelt n'a pas confiance en ces vichystes!), les deux colonnes retraitent en échelon. A près 54 jours de marches éreintantes, plus de mille km parcours,  de combats retardateurs,les rescapé atteignent la Chine le 1er ami 1945. Il faudra encore marcher 400 km supplémentaires pour rejoindre les camps de fortune.
http://museedesetoiles.fr/piece/general-division-alessandri/
Alexandre SANGUEDOLCE
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Martine D E et Le Seac'h aiment ce message

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Message  Martine D E Lun 26 Fév - 7:51

Merci pour ce travail de recherche historique

Martine D E

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Les derniers hommes.  Empty attaque japonaise 9 mars 1945

Message  papet45 Lun 26 Fév - 9:29

Bonjour

Mon père était sergent affecté au 9ème RIC à Cao Bang lors de l'attaque japonaise du 9 mars 1945. Selon sa fiche signalétique il passa la frontière sino tonkinoise le 4 avril 1945. Engagé en octobre 1936, il fut affecté en Indochine en 1938 après ses classes en Algérie (manipulateur radio, tireur d'élite). débarqué à Haïphong le 27/10/1938 comme caporal. Blessé 2 fois, atteint du palu et victime du choléra il fut rapatrié sanitaire en octobre 1946 à Toulon et libéré de ses services le 16 janvier 1947, il avait 30 ans. Il s'est rengagé en 1953 et envoyé en Indochine sur le S/S Skaugum. Il se porta volontaire pour sauter sur Dien Bien Phu mais on lui refusa pour des raisons que j'ignore. Il fut rapatrié en France en 1955 où il termina sa carrière militaire à Angoulème. Mon père ne parlait jamais de ses années d'Indochine, un sujet trop douloureux pour lui qui avait vu mourir beaucoup de compagnons dans des conditions atroces. Le peu que je sais c'est par son frère lui aussi en Indochine qui savait tout de mon père puisqu'il était dans les renseignements militaires. Mon père fut plusieurs fois l'objet d'actes de citation pour courage devant l'ennemi, et décoré de la médaille militaire et coloniale. En revanche, autant il ne pardonnait rien aux Japonais qu'il avait vus se livrer à des actes très cruels lors de l'attaque en 1945, autant il gardait un bon souvenir des Indochinois dont il parlait presque couramment la langue. Je voudrais dire aussi qu'il avait beaucoup côtoyé les soldats de la légion étrangère et qu'il ne tarissait pas d'éloges sur leur courage dans le combat. Il fut l'un des soldats des colonnes qui purent gagner la Chine après un mois de marche (9 mars-4 avril) dans la jungle dans des conditions épouvantables, harcelés par les Japonais.

Jean-Marc Debéthune

papet45

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