Occupation japonaise

Certes l’occupation japonaise se voyait, mais à part quelques cas de sévices dont on parlait à mots couverts devant les enfants tout se passait assez bien au début. Au Lycée on voyait les paroles du Maréchal PETAIN écrites partout sur des affiches et on devait chanter « Maréchal, nous voilà » ce qui déplaisait particulièrement à mes parents, tous les deux, hostiles à PETAIN…Ils avaient interdit aux enfants de chanter cela… à leur grand étonnement !
Des amis professeurs au courant des évènements, avaient rejoint Londres en passant par la Chine. Dangereux ! La vie continuait, malgré les zizanies entre professeurs pour ou contre PETAIN. Il y avait aussi des délations entre européens : Mes parents durent cacher leur ami juif italien Emilio AMBRON (peintre sculpteur) durant quelques jours avant qu’il puisse aller se cacher avec sa chérie eurasienne…Pour les remercier, il avait « croqué » Jean au piano et donné des petits tableaux représentants ses chéries cambodgiennes…Il était grand prix de ROME…Un talent fou ! Malheureusement ces dessins furent perdus au cours des voyages...
Malheureusement pour les civils, SAIGON était bombardée par les anglais et les américains depuis quelques semaines. Ah, ces B29 avec leurs 7 tonnes de bombes…Ces super forteresses avaient un ronron reconnaissable et effrayant…On les entendait arriver…On savait qu’ils lâcheraient leurs bombes, mais où ?
Un soir mon frère fut opéré d’urgence de l’appendicite à l’Hôpital LANESSAN juste avant un bombardement.
La famille attendait au sous sol où les gens récitaient un chapelet fervent en entendant les B 29 arriver au dessus de leur tête…Il y eu de gros dégâts non loin de là…
Les japonais se montraient de plus en plus hostiles et féroces avec tout le monde…Ils ripostaient sur terre et dans les airs…Le climat était affreux. Il y avait des trous de bombes partout et des maisons écrasées dans certains quartiers. Il y avait beaucoup d’alertes et la famille courrait dans les tranchées creusées dans la terre…Les enfants crevaient de peur. Les japonais emprisonnèrent des civils, il y eut des tueries, des actes d’humiliation près de Saïgon (des familles dénudées, traînées dans les rues par les japonais, l’ami médecin psychiatre, jeté en prison durant des semaines sans manger ou presque, une femme de professeur mise dans une cage à poule…et bien d‘autres cas de viol et tortures) Les gens se trouvaient pris entre les japonais occupants et les alliés qui bombardaient régulièrement et qui parfois faisaient des dégâts considérables…
Les troubles continuaient, les arrestations et les alertes aussi. Tout était confus pour les 3 enfants : Decoux vichyste, Thierry d’Argenlieu, le général Leclerc, Catroux…et les japonais. Sans parler des Viet Congs, des Caodaïstes et tous ces noms qui terrorisaient les enfants. On chuchotait des faits affreux…Toute l’Indochine était à feu et à sang ! Elle attendait… Quoi ?

Voilà je retrouve ces quelques pages écrites par ma mère ! Bises à tous...Chantal

Bonjour,

Un grand merci pour ce témoignage, terrible reflet de la vie des français d'Indochine durant la Seconde Guerre Mondiale.
L'on oublie trop souvent le nombre des sacrifices et des pertes importantes parmi vous. Force de constater que la vie des français d'Indochine avait de nombreuses similitudes avec celles des français métropolitains.

cordialement,
Antoine.

Merci pour ce témoignage poignant
slts