ATTAQUE DU CONVOI DE DALAT 1947
3 participants
Forum La Guerre d'Indochine :: Le front de la mémoire :: Aide aux recherches et démarches de mémoire
Page 1 sur 1
ATTAQUE DU CONVOI DE DALAT 1947
Bonjour à tous,
ci-joint le dossier que j'ai rédigé sur l'attaque du convoi de Dalat.
Bonne lecture, Cordialement;
Colonel Pierre-Marie PAOLETTI (semperfidelis)
CONVOI FUNESTE
Le 14 mai 1947, dans le Figaro, Marius Moutet, ministre de la France d’outre-mer, déclare : «J'estime qu'il n'y a plus désormais de problème militaire en Indochine. Le succès de nos armes est complet». A cette analyse « visionnaire », le vietminh va opposer un démenti formel quelques mois plus tard… Qui se souvient de l'embuscade du convoi de DALAT survenue le 1er mars 1948 ?
Tout commence par une vision de carte postale : Dalat est une station d’altitude située à 298 km de Saïgon. Elle est une affectation de choix car son climat tempéré est beaucoup plus supportable que la moiteur du bord de mer et les plumitifs d’état-major viennent régulièrement s’y ressourcer les neurones. Dans cette grosse bourgade cossue qui fait parfois oublier l’Indochine et qui évoque la côte normande par ses cottages et sa gare qui est une réplique de celle de Trouville-Deauville, on y pratique le sport dans des hôtels de luxe dotés des meilleurs équipements (golf, natation, tennis). L’empereur Bao-Daï l’a bien compris, qui y fuira ses responsabilités pendant toute la guerre en se réfugiant dans la résidence d’été qu’il y entretient.
Pour rejoindre cet Eden, il suffit d’emprunter un convoi routier d’approvisionnement qui se forme deux fois par semaine à partir de Saïgon. L’opération est bien rodée et son dispositif est conforme aux directives sur la protection des convois de l’arme du Train : En tête, un élément d’escorte blindé (le guide général) est accompagné d’un soutien d’infanterie portée, destinée à déblayer les éventuels obstacles de coupure d’axe. Aux ordres de l’adjoint au chef de convoi, un second blindé léger et son infanterie portée ferment la marche (serre-file général) et accompagnent un fort élément de dépannage et de levage et un groupe de véhicules de remplacement dits «hauts le pied». Le chef de convoi est au centre du dispositif, en mesure de faire intervenir une réserve portée sur l’une ou l’autre des deux rames.
La distance de sécurité entre les véhicules en marche est de 200m. Outre la sûreté immédiate ainsi décrite, la sûreté d’ensemble est considérée comme assurée par le jalonnement des postes et tours de garde rencontrés sur l’itinéraire.
Ce 1er mars, la colonne qui s’étire sur 7 à 8 km comporte une soixantaine de véhicules civils de toutes tailles et de toutes catégories, dont des cars chinois entre lesquels s’intercalent des camions militaires d’escorte où prennent place quatre sections de protection. Deux automitrailleuses Coventry assurent l’ouverture et la sécurité de la fin du convoi. Cette colonne doit faire jonction à mi-parcours au Km 164 avec un convoi descendant. Parti vers 5h du matin, le convoi égrène les étapes par Thu-Duc et Bien-Hoa à la sortie duquel il est stoppé par des abattis destinés à le freiner et à le tasser, essuyant des coups de feu qui ne semblent être que l’œuvre, assez habituelle, de quelques partisans isolés. A deux reprises encore, le même scénario se rejoue, banalisant ce harcèlement somme toute peu agressif.
Après le poste de Tuc-Trung (Km 90), l’automitrailleuse de tête, en panne, doit être remorquée et le c’est le chef de convoi, à bord de son scout-car, qui passe en escorte avant. Au sortir de la Lagna et alors que les derniers véhicules n’ont pas encore quitté le poste, ce scout-car saute sur une mine et toute la colonne de véhicules qui s’égrène sur 7 kilomètres est prise sous un feu très intense qui précède l’assaut de 700 à 800 vietminh sur toute la longueur de la colonne. (**) Des commandements en français, en allemand, en vietnamien voire en japonais s’entremêlent chez les rebelles » (témoignage Perrin). Dès les premiers instants, de nombreux camions, qui se sont mis en travers, flambent. Leurs passagers, civils ou militaires, sont méthodiquement massacrés. Les blessés sont achevés et dépouillés. « Arriva un viet qui portait le képi du colonel de Sairigné et avait à sa ceinture son pistolet : un parabellum, souvenir de la bataille de Bir Hakeim. Nous apprîmes alors qu’il avait été tué sur le coup (témoignage de Jacqueline Geoffrey, épouse du lieutenant Goeffrey, qui sera avec son mari et son fils emmenée en otages. V. Jacqueline Geoffrey in « j’ai épousé un légionnaire »).
L’officier supérieur, qui figurait dans la colonne sans responsabilité particulière si ce n’est celle d’un militaire qui partait s’oxygéner à la montagne sera avisé par le chef de convoi de la tenue d’une embuscade un peu plus loin et répliquera par gloriole « Moi je continue, je n’accepte pas d’avoir peur des viets ». Son heure était venue mais surtout, il était d’un temps totalement dépassé.
Il est 17h et la scène est le théâtre de combats individuels où les adversaires sont tellement imbriqués que la chasse ne peut pas intervenir. Avec la tombée de la nuit, le combat cesse et les assaillants se retirent, emmenant avec eux des centaines d’otages. Le bilan est effrayant :
véhicules pertes humaines civiles pertes humaines militaires
total au départ 69 (dont 53 civils) / /
détruits 45 civils (84%)
10 militaires (50%) / /
morts / 80 25
blessés / 40 15
otages prisonniers 640 (*)
Vers 21H00, les premiers secours arrivent de Dalat. La plupart des véhicules du convoi ont été détruits ou brûlent encore.
L’écho du combat se répercuta jusqu’à Paris. Pour l’opinion publique, c’est un réveil en sursaut : la prise de conscience subite qu’en Indochine ne se déroule pas uniquement une opération de rétablissement de l’ordre.
Si l’on excepte l’art laudatif dans lequel se sont complu nombre d’auteurs, le décryptage de l’embuscade de Dalat met en avant une faute de commandement. C’est une faute tactique car la routine d’un itinéraire régulièrement emprunté selon des horaires et des protocoles répétés selon le même mode ont facilité le jeu de l’ennemi. Des habitudes de « confort » dans une guerre considérée comme gagnée par le corps expéditionnaire, vis-à-vis d’un adversaire pour lequel on affichait le plus grand dédain et dont on mésestimait la capacité offensive, ont généré les conditions de ce massacre.
Eût-on simplement parlé de ce fait divers qui fit quatre fois plus de victimes civiles que militaires, si en tête de la colonne ne s’était trouvé le lieutenant-colonel Brunet de Sairigné, commandant la 13ème demi-brigade de la Légion étrangère, lequel, permissionnaire, s’était fait tuer sans gloire, dès les premiers coups de feu, comme un grenadier-voltigeur, attestant du fait déconcertant que son grade et son statut de compagnon de la libération ne l’ont pas épargné des balles !
De nombreux enseignements peuvent être tirés de ce qui devint « l’affaire du convoi de Dalat » :
* Pour le vietminh,
-c’est une victoire politique
car il étend sa présence à des zones considérées comme calmes, sinon comme pacifiées, en générant chez l’adversaire un sentiment d’insécurité d’un niveau élevé. Vis à vis des pays communistes « frères », il apparaît comme une force qui a droit à plus de reconnaissance officielle;
-c’est une victoire tactique
qui repose sur une analyse judicieuse du terrain, une connaissance parfaite des méthodes de combat françaises. Le lieu de l'embuscade été particulièrement bien choisi là où l’itinéraire est rétréci et la visibilité sur les abords nulle. L’extrême densité de la végétation réduit à néant l’intervention aérienne et facilite le repli en sûreté. Pour coordonner la mise en œuvre sur une telle longueur, des lignes téléphoniques ont été tirées.
-c’est une victoire technique
qui lui permet de s’emparer de l’armement du vaincu pour valoriser le sien. Le blindé qui pouvait paraître jusqu’à lors un sanctuaire roulant inviolable est devenu vulnérable. Les flux logistiques de l’adversaire sont durablement ralentis.
-c’est une victoire psychologique
sur des populations qu’il va pouvoir manipuler par la crainte. L’extrême brutalité de son action a frappé en priorité et délibérément les civils du convoi, ce qui explique la disproportion entre le nombre de victimes civiles et militaires. A Saïgon comme à Dalat et dans le pays moï, la guerre a investi le terrain et invite des populations qui se croyaient à l’abri de la guerre à prendre parti pour l’un ou l’autre camp.
-c’est enfin une victoire médiatique
qui a bénéficié de l’ « aubaine » de la présence dans le convoi d’un chef charismatique dont la mort a mis knock-out le corps expéditionnaire.
* Pour le corps expéditionnaire,
-C’est la découverte d’un adversaire plus structuré, plus fort, mieux armé, plus déterminé, qui n’hésite pas à porter le fer dans des secteurs considérés comme pacifiés ou hors de son atteinte.
-C’est la prise de conscience d’user de moyens matériels –notamment en blindés légers- d’origine britannique (Humber, Coventry) à bout de souffle et inadaptés à un nouveau type de combat. Des « bricolages » qui donneront naissance à des palliatifs comme les jeeps blindés « pas plus efficaces qu’un autocar chinois » ou les autos-canon Bofors de 40 seront eux aussi dans le temps abandonnés. Le CEFEO souffre de l’indifférence, quand ce n’est pas de l’hostilité, de l’ex-allié américain. Il doit s’équiper et s’armer en cachette.
-C’est l’amer constat que les modes d’action tactiques mis en œuvre jusque là sont inadaptés car exportés, sans adaptation locale, des confrontations classiques du conflit qui s’est terminé en Europe. Dès lors, le convoi escorté dont l’extrême vulnérabilité a été démontrée, cède la place un temps à des « convois opérationnels » formés de rames de 10 camions se succédant à intervalles de 10 minutes, ce qui sans les empêcher, limitera les effets des embuscades. Ce sera ensuite l’ère de fastidieuses ouvertures de route accompagnées de la tenue des points particuliers aux abords de l’axe qui s’avèreront couteux en temps et en effectifs… jusqu’à ce que cette tactique ne démontre à son tour sa faillite et que l’avion ne se substitue à ce type de déplacement trop vulnérable.
EPILOGUE
Une attaque toute aussi meurtrière a lieu le lendemain dans la Plaine des Jarres mais cet autre convoi funeste est passé à la trappe de l’Histoire…
(*) dont 170 sont relâchés dans son repli par le VM afin de s’alléger
(**) Le vietminh (chi-doï 10) y applique sa tactique habituelle qui consiste à étaler une très importante
base de feux (se reporter au dossier « tactique vietminh »).
ci-joint le dossier que j'ai rédigé sur l'attaque du convoi de Dalat.
Bonne lecture, Cordialement;
Colonel Pierre-Marie PAOLETTI (semperfidelis)
CONVOI FUNESTE
Le 14 mai 1947, dans le Figaro, Marius Moutet, ministre de la France d’outre-mer, déclare : «J'estime qu'il n'y a plus désormais de problème militaire en Indochine. Le succès de nos armes est complet». A cette analyse « visionnaire », le vietminh va opposer un démenti formel quelques mois plus tard… Qui se souvient de l'embuscade du convoi de DALAT survenue le 1er mars 1948 ?
Tout commence par une vision de carte postale : Dalat est une station d’altitude située à 298 km de Saïgon. Elle est une affectation de choix car son climat tempéré est beaucoup plus supportable que la moiteur du bord de mer et les plumitifs d’état-major viennent régulièrement s’y ressourcer les neurones. Dans cette grosse bourgade cossue qui fait parfois oublier l’Indochine et qui évoque la côte normande par ses cottages et sa gare qui est une réplique de celle de Trouville-Deauville, on y pratique le sport dans des hôtels de luxe dotés des meilleurs équipements (golf, natation, tennis). L’empereur Bao-Daï l’a bien compris, qui y fuira ses responsabilités pendant toute la guerre en se réfugiant dans la résidence d’été qu’il y entretient.
Pour rejoindre cet Eden, il suffit d’emprunter un convoi routier d’approvisionnement qui se forme deux fois par semaine à partir de Saïgon. L’opération est bien rodée et son dispositif est conforme aux directives sur la protection des convois de l’arme du Train : En tête, un élément d’escorte blindé (le guide général) est accompagné d’un soutien d’infanterie portée, destinée à déblayer les éventuels obstacles de coupure d’axe. Aux ordres de l’adjoint au chef de convoi, un second blindé léger et son infanterie portée ferment la marche (serre-file général) et accompagnent un fort élément de dépannage et de levage et un groupe de véhicules de remplacement dits «hauts le pied». Le chef de convoi est au centre du dispositif, en mesure de faire intervenir une réserve portée sur l’une ou l’autre des deux rames.
La distance de sécurité entre les véhicules en marche est de 200m. Outre la sûreté immédiate ainsi décrite, la sûreté d’ensemble est considérée comme assurée par le jalonnement des postes et tours de garde rencontrés sur l’itinéraire.
Ce 1er mars, la colonne qui s’étire sur 7 à 8 km comporte une soixantaine de véhicules civils de toutes tailles et de toutes catégories, dont des cars chinois entre lesquels s’intercalent des camions militaires d’escorte où prennent place quatre sections de protection. Deux automitrailleuses Coventry assurent l’ouverture et la sécurité de la fin du convoi. Cette colonne doit faire jonction à mi-parcours au Km 164 avec un convoi descendant. Parti vers 5h du matin, le convoi égrène les étapes par Thu-Duc et Bien-Hoa à la sortie duquel il est stoppé par des abattis destinés à le freiner et à le tasser, essuyant des coups de feu qui ne semblent être que l’œuvre, assez habituelle, de quelques partisans isolés. A deux reprises encore, le même scénario se rejoue, banalisant ce harcèlement somme toute peu agressif.
Après le poste de Tuc-Trung (Km 90), l’automitrailleuse de tête, en panne, doit être remorquée et le c’est le chef de convoi, à bord de son scout-car, qui passe en escorte avant. Au sortir de la Lagna et alors que les derniers véhicules n’ont pas encore quitté le poste, ce scout-car saute sur une mine et toute la colonne de véhicules qui s’égrène sur 7 kilomètres est prise sous un feu très intense qui précède l’assaut de 700 à 800 vietminh sur toute la longueur de la colonne. (**) Des commandements en français, en allemand, en vietnamien voire en japonais s’entremêlent chez les rebelles » (témoignage Perrin). Dès les premiers instants, de nombreux camions, qui se sont mis en travers, flambent. Leurs passagers, civils ou militaires, sont méthodiquement massacrés. Les blessés sont achevés et dépouillés. « Arriva un viet qui portait le képi du colonel de Sairigné et avait à sa ceinture son pistolet : un parabellum, souvenir de la bataille de Bir Hakeim. Nous apprîmes alors qu’il avait été tué sur le coup (témoignage de Jacqueline Geoffrey, épouse du lieutenant Goeffrey, qui sera avec son mari et son fils emmenée en otages. V. Jacqueline Geoffrey in « j’ai épousé un légionnaire »).
L’officier supérieur, qui figurait dans la colonne sans responsabilité particulière si ce n’est celle d’un militaire qui partait s’oxygéner à la montagne sera avisé par le chef de convoi de la tenue d’une embuscade un peu plus loin et répliquera par gloriole « Moi je continue, je n’accepte pas d’avoir peur des viets ». Son heure était venue mais surtout, il était d’un temps totalement dépassé.
Il est 17h et la scène est le théâtre de combats individuels où les adversaires sont tellement imbriqués que la chasse ne peut pas intervenir. Avec la tombée de la nuit, le combat cesse et les assaillants se retirent, emmenant avec eux des centaines d’otages. Le bilan est effrayant :
véhicules pertes humaines civiles pertes humaines militaires
total au départ 69 (dont 53 civils) / /
détruits 45 civils (84%)
10 militaires (50%) / /
morts / 80 25
blessés / 40 15
otages prisonniers 640 (*)
Vers 21H00, les premiers secours arrivent de Dalat. La plupart des véhicules du convoi ont été détruits ou brûlent encore.
L’écho du combat se répercuta jusqu’à Paris. Pour l’opinion publique, c’est un réveil en sursaut : la prise de conscience subite qu’en Indochine ne se déroule pas uniquement une opération de rétablissement de l’ordre.
Si l’on excepte l’art laudatif dans lequel se sont complu nombre d’auteurs, le décryptage de l’embuscade de Dalat met en avant une faute de commandement. C’est une faute tactique car la routine d’un itinéraire régulièrement emprunté selon des horaires et des protocoles répétés selon le même mode ont facilité le jeu de l’ennemi. Des habitudes de « confort » dans une guerre considérée comme gagnée par le corps expéditionnaire, vis-à-vis d’un adversaire pour lequel on affichait le plus grand dédain et dont on mésestimait la capacité offensive, ont généré les conditions de ce massacre.
Eût-on simplement parlé de ce fait divers qui fit quatre fois plus de victimes civiles que militaires, si en tête de la colonne ne s’était trouvé le lieutenant-colonel Brunet de Sairigné, commandant la 13ème demi-brigade de la Légion étrangère, lequel, permissionnaire, s’était fait tuer sans gloire, dès les premiers coups de feu, comme un grenadier-voltigeur, attestant du fait déconcertant que son grade et son statut de compagnon de la libération ne l’ont pas épargné des balles !
De nombreux enseignements peuvent être tirés de ce qui devint « l’affaire du convoi de Dalat » :
* Pour le vietminh,
-c’est une victoire politique
car il étend sa présence à des zones considérées comme calmes, sinon comme pacifiées, en générant chez l’adversaire un sentiment d’insécurité d’un niveau élevé. Vis à vis des pays communistes « frères », il apparaît comme une force qui a droit à plus de reconnaissance officielle;
-c’est une victoire tactique
qui repose sur une analyse judicieuse du terrain, une connaissance parfaite des méthodes de combat françaises. Le lieu de l'embuscade été particulièrement bien choisi là où l’itinéraire est rétréci et la visibilité sur les abords nulle. L’extrême densité de la végétation réduit à néant l’intervention aérienne et facilite le repli en sûreté. Pour coordonner la mise en œuvre sur une telle longueur, des lignes téléphoniques ont été tirées.
-c’est une victoire technique
qui lui permet de s’emparer de l’armement du vaincu pour valoriser le sien. Le blindé qui pouvait paraître jusqu’à lors un sanctuaire roulant inviolable est devenu vulnérable. Les flux logistiques de l’adversaire sont durablement ralentis.
-c’est une victoire psychologique
sur des populations qu’il va pouvoir manipuler par la crainte. L’extrême brutalité de son action a frappé en priorité et délibérément les civils du convoi, ce qui explique la disproportion entre le nombre de victimes civiles et militaires. A Saïgon comme à Dalat et dans le pays moï, la guerre a investi le terrain et invite des populations qui se croyaient à l’abri de la guerre à prendre parti pour l’un ou l’autre camp.
-c’est enfin une victoire médiatique
qui a bénéficié de l’ « aubaine » de la présence dans le convoi d’un chef charismatique dont la mort a mis knock-out le corps expéditionnaire.
* Pour le corps expéditionnaire,
-C’est la découverte d’un adversaire plus structuré, plus fort, mieux armé, plus déterminé, qui n’hésite pas à porter le fer dans des secteurs considérés comme pacifiés ou hors de son atteinte.
-C’est la prise de conscience d’user de moyens matériels –notamment en blindés légers- d’origine britannique (Humber, Coventry) à bout de souffle et inadaptés à un nouveau type de combat. Des « bricolages » qui donneront naissance à des palliatifs comme les jeeps blindés « pas plus efficaces qu’un autocar chinois » ou les autos-canon Bofors de 40 seront eux aussi dans le temps abandonnés. Le CEFEO souffre de l’indifférence, quand ce n’est pas de l’hostilité, de l’ex-allié américain. Il doit s’équiper et s’armer en cachette.
-C’est l’amer constat que les modes d’action tactiques mis en œuvre jusque là sont inadaptés car exportés, sans adaptation locale, des confrontations classiques du conflit qui s’est terminé en Europe. Dès lors, le convoi escorté dont l’extrême vulnérabilité a été démontrée, cède la place un temps à des « convois opérationnels » formés de rames de 10 camions se succédant à intervalles de 10 minutes, ce qui sans les empêcher, limitera les effets des embuscades. Ce sera ensuite l’ère de fastidieuses ouvertures de route accompagnées de la tenue des points particuliers aux abords de l’axe qui s’avèreront couteux en temps et en effectifs… jusqu’à ce que cette tactique ne démontre à son tour sa faillite et que l’avion ne se substitue à ce type de déplacement trop vulnérable.
EPILOGUE
Une attaque toute aussi meurtrière a lieu le lendemain dans la Plaine des Jarres mais cet autre convoi funeste est passé à la trappe de l’Histoire…
(*) dont 170 sont relâchés dans son repli par le VM afin de s’alléger
(**) Le vietminh (chi-doï 10) y applique sa tactique habituelle qui consiste à étaler une très importante
base de feux (se reporter au dossier « tactique vietminh »).
semperfidelis- Messages : 107
Date d'inscription : 19/06/2010
Age : 74
Localisation : ORANGE
Convoi de Dalat en mars 1948
Bonsoir,
Merci pour ce compte-rendu très précis, qui remet un peu en cause ce qui avait été énoncé dans les annonces officielles ou écrit par la fille du lieutenant-colonel de Sairigné.
Cordialement
Merci pour ce compte-rendu très précis, qui remet un peu en cause ce qui avait été énoncé dans les annonces officielles ou écrit par la fille du lieutenant-colonel de Sairigné.
Cordialement
bunker- Messages : 126
Date d'inscription : 12/01/2016
Age : 76
Localisation : Région parisienne
ATTAQUE DU CONVOI DE DALAT 1947
merci pour cette mise au point.
On subit on s'adapte ,on subit on s'adapte mais toujours avec un temps de retard et ce dans tous les conflits de ce genre.
Que tous ces morts au combat ou en subissant pour les civils reposent en paix.
On subit on s'adapte ,on subit on s'adapte mais toujours avec un temps de retard et ce dans tous les conflits de ce genre.
Que tous ces morts au combat ou en subissant pour les civils reposent en paix.
adrien- Messages : 184
Date d'inscription : 01/02/2013
Age : 90
Localisation : Avignon
Attaque du convoi de Dalat
Bonsoir,
Au fait, un dernier point à ce sujet : l'attaque du convoi de Dalat (tout du moins celui du lieutenant-colonel de Sairigné), c'est à ma connaissance 1948, pas 1947.
Cordialement
Au fait, un dernier point à ce sujet : l'attaque du convoi de Dalat (tout du moins celui du lieutenant-colonel de Sairigné), c'est à ma connaissance 1948, pas 1947.
Cordialement
bunker- Messages : 126
Date d'inscription : 12/01/2016
Age : 76
Localisation : Région parisienne
attaque du convoi de Dalat 1948
Bonsoir
et merci en particulier à Bunker pour la rectification de la date du titre; j'avais un peu hâtivement créé celui-ci à partir des premiers mots de mon texte !
Cordialement,
Semperfidelis
et merci en particulier à Bunker pour la rectification de la date du titre; j'avais un peu hâtivement créé celui-ci à partir des premiers mots de mon texte !
Cordialement,
Semperfidelis
semperfidelis- Messages : 107
Date d'inscription : 19/06/2010
Age : 74
Localisation : ORANGE
Sujets similaires
» attaque du convoi de DALAT
» Erwan Bergot, Convoi 42
» Un batiment peut ètre à dalat
» Page de la promotion DALAT - EMIA
» Pont coupé au Km 31 de la route entre Phan Thiet et Dalat
» Erwan Bergot, Convoi 42
» Un batiment peut ètre à dalat
» Page de la promotion DALAT - EMIA
» Pont coupé au Km 31 de la route entre Phan Thiet et Dalat
Forum La Guerre d'Indochine :: Le front de la mémoire :: Aide aux recherches et démarches de mémoire
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum